En février 2023, à la suite de graves accusations faisant état de « dérives » homophobes, sexistes, humiliations ou discours anti-IVG, l’inspection générale de l’éducation a été saisie d’une demande d’enquête administrative au collège et lycée parisien Stanislas.
Les conclusions du rapport, rendues public par Mediapart ce 16 janvier, ont révélé de nombreux dysfonctionnements et pratiques non conformes avec la loi, notamment au cours de l’heure de catéchisme hebdomadaire imposée, « sans cadrage ni suivi », où des intervenants enseignent que « l’homosexualité est un péché », « une maladie qui vient du fait que maman a trompé papa », mais qu’il existe des structures dédiées pour se soigner. Une promotion donc des thérapies de conversion.
Exclusion d’une élève dénonçant des propos homophobes
Une élève a également été harcelée et exclue de l’établissement pour avoir dénoncé ces comportements discriminants de membres du personnel. Scolarisée depuis 2013 et récompensée du 3ème prix d’excellence en 2022, la jeune fille s’est ainsi vu brutalement refuser l’accès à la terminale, désinscrite par la direction, sans avis des professeurs ni conseil disciplinaire.
Elle n’avait pas « l’esprit Stan », indique son père, citant le directeur, M. Gautier, le censeur-directeur, M. Jubert, et le préfet des premières, M. Cucuel, qui l’auraient en outre qualifiée de « toxique », en raison de ses engagements. C’est ainsi qu’il a appris l’exclusion « injuste et arbitraire » de sa fille, convoqué en urgence par le trio, le 20 juin 2022. Il en a d’ailleurs alerté par courrier Gabriel Attal, alors Ministre de l’éducation, sollicité à prendre des sanctions, particulièrement à l’encontre du préfet des premières, accusé du harcèlement.
Le rapport d’inspection confirme ce « conflit » qui résulterait des prises de position de l’élève, assimilées à du « militantisme » sur l’homosexualité par le préfet. Dans un courriel au censeur-directeur, il évoque lui-même un différend sur la tenue vestimentaire, notamment un pull ac-en-ciel LGBT, qu’elle refusait de retirer.
« Depuis, ma fille n’est plus la même, broyée par ce qu’elle a vécu », écrit son père.
Plainte pour discrimination LGBTphobe
C’est pourquoi, Mousse et STOP homophobie déposent plainte, ce vendredi 26 janvier 2024, contre l’école pour discrimination en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Les associations considèrent que l’exclusion de cette jeune fille constitue bien un refus discriminatoire d’accéder aux services d’enseignement privé, acte réprimé par l’article 225-2 du code pénal.
Etienne Deshoulières, avocat des associations, rappelle que « la loi pénale française réprimant les propos et les discriminations LGBTphobes s’applique partout sur le territoire français, même dans les établissements d’enseignement catholique ».
« Et puis, cette plainte permettra aux services de police de mener une enquête approfondie au sein de l’établissement et d’y faire la lumière sur les agissements LGBTphobes de la direction, dénoncés par le rapport interne de l’Éducation nationale et révélations de Mediapart », ajoute Terrence Khatchadourian, secrétaire général de STOP Homophobie.