Coming out : Déclarer son homosexualité n’est pas sans risque, dans le monde du travail

Le salarié concerné peu rapidement être poussé vers la sortie par l’employeur, une attitude que dénonce le Défenseur des droits et les associations contre l’homophobie.

L’homophobie et les discriminations liées à l’orientation sexuelle sont encore monnaie courante dans le monde du travail. Le baromètre établi par le Défenseur des droits révélait qu’un salarié sur deux en 2012 se sentait mal à l’aise après qu’un collègue ait fait son « coming out ». Il semble que la loi pour le mariage pour tous, entrée en vigueur en avril 2013, n’ait pas changé les mentalités. Le Défenseur est de nouveau intervenu dans le dossier d’une femme licenciée pour avoir refusé une mutation disciplinaire.

Un an après son embauche, une salariée a été promue adjointe de direction dans un établissement d’une grande enseigne de la restauration. Elle a par la suite noué une relation amoureuse avec l’une de ses subordonnées. S’appuyant sur un signalement du médecin du travail, l’employeur lui a proposé une mutation au motif que son management aurait été mis en cause et que la gestion de sa relation amoureuse perturbait le service. Refusant la mutation, elle a été licenciée pour faute grave et sa compagne a subi le même sort, trois mois après.
L’enquête du Défenseur des droits a révélé que le signalement du médecin du travail ne visait pas nommément la salariée et que son renvoi était motivé par son « management orienté par la relation » entretenue avec sa collègue. Soutenues par le Défenseur des droits, les deux salariées ont alors saisi la justice. La société à, quant à elle, été condamnée à verser aux plaignantes, 25 000 euros à titre de dommages et intérêts pour la nullité du licenciement, ainsi que 7 500 euros au titre du préjudice moral.

Un tabou persistant

Alors que les homosexuels mariés doivent révéler leur changement de statut à leur employeur pour bénéficier des mêmes avantages que les couples hétérosexuels, leur vie privée heurte les consciences. Au final, un salarié sur six, en moyenne, se terre dans le silence, après avoir constaté des faits homophobes, selon SOS homophobie. Il leur est impossible de parler librement de leur vie privée (vacances, famille) au travail, contrairement aux autres collègues, par peur du rejet.
Pour faire cesser ces comportement, des associations comme l’Autre Cercle, ou collectif Homoboulot, misent sur la formation des managers contre l’homophobie et la transphobie dans l’entreprise.

 Stéphanie Alexandre