Le Parlement allemand, qui organise tous les le 27 janvier depuis 1996 une cérémonie solennelle à l’occasion de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, a honoré pour la première fois ce vendredi dans le bâtiment historique du Reichstag, au cœur de Berlin, la mémoire des victimes LGBT+ du nazisme, emprisonnées, torturées et assassinées en vertu du paragraphe 175 du Code pénal criminalisant l’homosexualité.
Il était en vigueur depuis 1871 mais peu appliqué avant l’arrivée du parti national-socialiste, qui va encore durcir la législation portant à dix ans de travaux forcés la peine encourue en cas de rapport homosexuel. Il sera rétabli dans sa version d’avant le nazisme en 1969, avant d’être finalement aboli en 1994. Dans l’ex-RDA, il restera opérationnel jusqu’à 1968. Donc, même la libération du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau il y a 78 ans, n’aura pas non plus mis fin à leur persécution par l’État.
Plus de 42.000 hommes ont ainsi été condamnés sous le IIIe Reich, jusqu’à 15.000 envoyés dans des camps de concentration, avec des uniformes flanqués du triangle rose désignant leur orientation sexuelle. Entre 3.000 et 10.000 périront, et beaucoup d’entre seront castrés ou soumis à des expériences médicales. Des milliers de lesbiennes et personnes transgenres, également considérées comme « dégénérées », seront aussi emprisonnées dans ces camps. En 1957, la Cour constitutionnelle allemande attribuait toujours aux hommes homosexuels un « comportement sexuel débridé », synonyme de dangerosité sociale, assurant à l’inverse que les femmes homosexuelles étaient plus « passives ».
Leur réhabilitation sera votée en 2002, dans l’Allemagne réunifiée. Mais il faudra attendre mars 2017 pour que le gouvernement réhabilite aussi les quelque 50.000 personnes poursuivies après 1945, et leur accorde des indemnisations. La plupart étaient entretemps décédés. Mais beaucoup ont raconté dans la presse leur vie brisée et, plus largement, leurs amours clandestines, marquées par une peur constante.