Le tribunal correctionnel de Moroni, aux Comores, a prononcé une décision inédite en condamnant deux jeunes femmes d’une vingtaine d’années à 13 et 10 mois de prison, dont la moitié ferme, assortis d’une amende de 200 euros chacune. Ces peines, motivées par leur orientation sexuelle, font suite à leur arrestation en juin dernier après une plainte pour des actes jugés « contraires aux bonnes mœurs ».
Le procureur avait requis un an de prison ferme, invoquant la nécessité d’une « punition exemplaire » pour dissuader l’homosexualité, qu’il considérait comme incompatible avec les valeurs et la culture comoriennes. Initialement attendu en novembre, le délibéré a été reporté d’un mois. Le mandat de dépôt ayant été levé, les deux femmes ont pu recouvrer la liberté après avoir purgé leur peine.
Un cas qui divise la société comorienne
L’affaire a éclaté en juin, sur fond de soupçons selon lesquels les deux jeunes femmes auraient tenté de contracter un mariage religieux, une pratique interdite aux Comores. Toutefois, faute de preuves suffisantes, le tribunal a écarté ces accusations et basé son verdict sur leur orientation sexuelle.
Ce jugement intervient dans un contexte déjà tendu, quelques jours après le mariage très médiatisé d’une Franco-Comorienne et d’une Réunionnaise à Mayotte, qui avait déjà ravivé les débats autour des droits LGBTQ+ dans l’archipel.
Un signal inquiétant pour les droits humains
Bien que cette condamnation ait permis la libération des deux jeunes femmes, elle constitue un précédent préoccupant pour les droits humains aux Comores. Elle reflète la pression persistante exercée sur les minorités sexuelles dans un pays où l’homosexualité reste stigmatisée sur les plans social et légal. Ce cas interroge sur l’équilibre entre la préservation des mœurs locales et le respect des libertés fondamentales.