Tandis que l’ONU appelle les Etats à opérer des actions ciblées pour protéger les personnes vulnérables et déjà marginalisées en cette période de pandémie, trois amendements (360, 408 et 453), présentés ce 17 avril dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 2020, et visant justement au renforcement exceptionnel des prises en charge et hébergement d’urgence des jeunes LGBT+, ont reçu l’avis « défavorable » du rapporteur et du gouvernement, qui les ont rejetés, sans autre argument.
Ils étaient notamment défendus par les députés Matthieu Orphelin (groupe Libertés et territoires), Christine Pires Beaune (Socialistes et apparentés) et Sonia Krimi (La République en Marche), qui regrette « un manque d’empathie vis-à-vis des victimes qu’on renvoie au placard. Le silence du rapporteur et du gouvernement ne fait qu’exacerber le sentiment des jeunes LGBT+ victimes de violence et de rejet intrafamilial de ne pas pouvoir sortir de situations dramatiques. »
Christine Pires Beaune déplore également le comportement du gouvernement : « Je pense que le pire a été le fait qu’il ne prenne pas la peine de répondre et de donner des arguments. J’ai trouvé ça très dur… »
Compte tenu des restrictions de séjour à la maison, certains jeunes LGBTI sont en effet confinés dans des environnements hostiles, augmentant leur exposition à la violence, à l’anxiété et dépression et au risque de suicide. Il est essentiel que les services de soutien et les abris restent disponibles.
Ces trois amendements identiques proposaient d’ouvrir 120 000 euros de crédit, initialement destinés à l’urbanisme et l’aménagement, afin de financer l’hébergement d’une centaine de jeunes pendant la durée de l’état d’urgence sanitaire.
Le GVT rejette l’amendement pour accompagner les personnes LGBT+ en difficulté.
Le silence du GVT ne fait qu’exacerber le sentiment des jeunes LGBT+ victimes de violence et de rejet intrafamiliale de ne pas pouvoir sortir de situations dramatiques.
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— Sonia Krimi (@Sonia_Krimi) April 21, 2020
« Il s’agit d’un sujet de préoccupation majeure de l’ensemble du groupe de la majorité parlementaire qui doit être pris au sérieux par le gouvernement avec des réponses concrètes », insiste Sonia Krimi, d’autant plus surprise « qu’il n’y ait pas d’annonces du gouvernement lors de la proposition de l’amendement puisque Marlène Schiappa avait énoncé la piste d’utiliser les indemnités d’hôtel avec une certaine souplesse (via les préfectures, en lien avec le délégué aux droits des femmes) avec les députés de la majorité qui siègent à la Commissions des Affaires sociales de l’Assemblée nationale ».
« C’est effectivement assez difficile de constater que le gouvernement ne gère pas du tout, alors même que des parlementaires proposent des solutions viables », a commenté Joëlle Berthout, coprésidente de l’association STOP homophobie, en charge du dispositif d’écoute.
« Nous sommes confrontés à des appels terribles de jeunes et moins jeunes d’ailleurs, et on ne les oublie pas, qui se retrouvent dans des situations toutes aussi exceptionnelles que cette crise, à la rue, violentés par leur entourage, et de plus en plus par leur conjoint. Nous avons deux hommes mariés dans ce cas actuellement. Comment faire ? On se retrouve à quémander ».
« Il faut renforcer d’urgence l’aide aux victimes. Et ces amendements identiques prévoyaient justement des nuitées d’hôtel pour leur prise en charge. Il aurait été utile que le rapporteur général, Laurent Saint-Martin, et notre secrétaire d’État, Olivier Dussopt, acceptent au moins d’en débattre », poursuit Arnaud Boisseau, porte-parole de STOP homophobie.
« Au niveau des associations, nous sommes toutes sous tension, les bénévoles qui nous soutiennent sont confinés et si nos réseaux fonctionnent, ils sont saturés et limités malheureusement. Nous invitons d’ailleurs la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations Marlène Schiappa à réagir. La prévention et la lutte contre l’ensemble de ces violences constituent une priorité de l’action du Gouvernement. »