Byun Hee-soo, 23 ans, ex-sergente sud-coréenne limogée par l’armée après avoir subi une intervention chirurgicale afin de changer de genre, a été retrouvée morte, ce mercredi 3 mars, à son domicile de Cheongju, au sud de Séoul. L’annonce de son décès a suscité une vague d’émotion et des appels à adopter une loi anti-discrimination dans le pays, réclamée depuis plus d’une dizaine d’années par les défenseurs des droits humains.
Une enquête a été confiée à la police, qui a confirmé sa mort à l’AFP. Selon des médias, aucun mot n’a été retrouvé mais son décès est considéré comme étant un suicide. Selon l’agence de presse Yonhap, Byun Hee-soo aurait déjà tenté de mettre fin à ses jours il y a trois mois.
Engagée volontaire dans l’armée en 2017 sous l’identité masculine assignée à la naissance, la sous-officière suivait un traitement aux hormones et avait consulté les services psychiatriques militaires, qui lui auraient recommandé une opération pour changer de sexe, estimant qu’elle souffrait d’une « dysphorie de genre ». L’intervention a été réalisée en novembre 2019 en Thaïlande. Byun Hee-soo a été la première soldate sud-coréenne à subir une opération de ce type pendant son service. En réaction, l’armée l’a rayée de ses cadres. D’après le ministère de la défense, la jeune femme aurait été affectée d’un trouble mental et physique de niveau 3, la rendant inapte au service.
L’année dernière, après l’annonce de son renvoi, Mme Byun, qui avait revêtu son uniforme, a déploré en conférence de presse l’« intolérance profondément enracinée » dans l’armée à l’égard des personnes LGBT. Devenir militaire était un rêve d’enfant, a-t-elle expliqué, visiblement émue. « Je continuerai à me battre jusqu’au jour où je pourrai de nouveau servir dans l’armée. Je contesterai la décision jusqu’à la fin, devant la Cour suprême », a-t-elle martelé. « Au-delà de mon genre, je veux montrer à tout le monde que je peux faire partie des grands soldats qui protègent ce pays. »
Le porte-parole adjoint du ministère de la Défense, Moon Hong-sik, a présenté ses condoléances à la suite de cette « mort regrettable ». Il a cependant précisé qu’il n’y a pas eu de discussions approfondies sur la question des soldats transgenres, malgré les appels de personnalités et d’associations. Plus d’une douzaine de tentatives d’adoption de lois anti-discrimination ont échoué ces 14 dernières années notamment en raison de l’opposition des puissantes Eglises qui condamnent l’homosexualité et de certaines associations.