Corse : Deux mineurs mis en examen après l’agression d’un couple gay à Macinaggio

Le 14 juillet dernier, Mickaël Gaspar et son compagnon Benoît David ont été véritablement lynchés par une vingtaine d’individus, principalement des adolescents, leur occasionnant des interruptions totales de travail de six et huit jours. Les deux hommes passaient une soirée en famille dans un bar du port de Macinaggio dans le Cap Corse, lorsqu’ils ont été pris à partie, injuriés et frappés parce qu’ils étaient homosexuels, ont-ils expliqué. Une troisième personne a également été blessée. Il y avait des dizaines de témoins mais personne n’a réagi.

« Littéralement tout le bar qui nous court après pour nous frapper car on est « pd », alors qu’on ne s’était même pas embrassé car on sait où on est… En Corse. J’ai même pas compris ce qui se passait, jamais vu ça, une haine que je n’avais croisée que dans les films ou les livres, là c’était en vrai. Avant de poursuivre. Alors à tous mes amis qui se demandent pourquoi ça compte autant pour moi d’être gay, de me mettre dans une case, ben voilà pourquoi, parce que je peux mourir pour être qui je suis, heureusement je cours encore assez vite… Quand on passait devant le bar dans l’ambulance, on entendait les gens nous traiter de pd sans aucun remord. On est sorti des urgences avec chacun le nez cassé, et des grosses contusions. J’ai envie de dire « ça aurait pu être pire » même si franchement se faire attaquer par 20 mecs parce qu’on est gay me semblait plus possible en 2021, en tout cas on est pas mort cette fois, on est en sécurité ».

Le procureur de la République de Bastia a ouvert dès le lendemain une enquête pour violences homophobes en réunion. Et ce mercredi 21, deux mineurs de moins de 16 ans ont été mis en examen après présentation devant le juge des enfants, indique France3. L’un d’eux s’était notamment vanté sur les réseaux d’avoir « frappé des pd », « mis une droite à un homo, je suis fier », « et 1pd à l’hôpital ». Des messages relayés et confirmés par Mediapart. Il a toutefois réfuté les faits qui lui sont reprochés. Et une troisième personne, majeure, qui avait également été placée en garde à vue en même temps que les deux ados, a par contre été libérée sans poursuite.

De témoignages néanmoins contestés là aussi par l’association Ghjuventù Ruglianese, qui dénonce une version « mensongère et calomnieuse » des victimes, ne relevant en rien d’une quelconque homophobie.