Dans un courrier à Dominique Bucchini et Paul Giacobbi, les fédérations FN manifestent leur opposition au mariage gay. Elles réclament… une adaptation des lois de la République aux spécificités de la Corse :
Le délicat débat sur le mariage pour tous, refait surface en Corse. On le sait, la loi est passée, des mariages ont même été célébrés discrètement dans l’île. Mais ici, l’opposition au mariage et à l’adoption des couples homosexuels est plus tenace qu’ailleurs. Le débat anime régulièrement les discussions de comptoir. A six mois des municipales, le Front National, toujours à l’affût des oppositions de la base, a donc trouvé une astuce pour relancer la polémique.
Hier, les fédérations FN-Fiamma corsa de Corse sont montées au créneau. Elles n’appellent pas à la « désobéissance civile des maires », mais contournent le problème en s’adressant directement aux présidents de l’assemblée de Corse et de l’exécutif. Charge à eux, Dominique Bucchini et Paul Giacobbi, d’intervenir pour interdire le mariage et l’adoption de couples homosexuels en Corse. Rien que ça.
Dans ce courrier, les fédérations expriment clairement leur totale opposition à la célébration des mariages homosexuels en Corse. Arborant le drapeau de la défense des valeurs de notre civilisation, le FN s’oppose également, avec force, à l’adoption des enfants corses par les couples homosexuels.
« Cette dénaturation de la famille, imposée par l’actuel gouvernement malgré le refus d’une majorité de la population, représente une régression majeure et une atteinte grave à la cohésion sociale et à la culture de notre nation. Elle est indigne du grand pays qu’est la France », détaille le FN. Les Frontistes considèrent que l’institution du mariage, « qui a uni nos parents, grands-parents et tous nos ancêtres ne saurait être détournée du but pour lequel elle a été créée, à savoir l’union d’un homme et d’une femme.En particulier en Corse, où le respect du père et de la mère fait partie des valeurs les plus fondamentales ».
Quant à l’adoption par des couples de même sexe, le Front National considère que cette loi « constitue une mise en danger reconnue de l’équilibre physique et mental des enfants et ne doit en aucun cas menacer les enfants de Corse ».
De la coofficialité à l’homosexualité
Les fédérations FN s’adressent donc aux présidents de la collectivité territoriale de Corse. Elles leur demandent d’intervenir auprès du gouvernement afin de demander que le mariage gay et l’adoption des couples homosexuels ne s’appliquent pas en Corse. Et le FN ose mettre en avant la spécificité corse : «Cette prérogative vous est accordée par les lois de décentralisation qui vous autorisent à adapter les lois de la République aux spécificités de notre région », écrivent-ils. Poussant plus loin encore le raisonnement jusqu’à faire le lien avec un débat récent : « C’est d’ailleurs ce que vous avez fait lorsque vous avez proposé à l’État français de modifier la Constitution pour autoriser la coofficialité de la langue corse, affirmant ainsi votre volonté de protéger nos traditions et notre mode de vie. Vous avez même proposé que cette coofficialité soit appliquée sans plus attendre. »
Les présidents de la collectivité territoriale de Corse sont donc invités à lancer le débat lors d’une prochaine session de l’assemblée de Corse. Faut-il proposer au gouvernement la non-application immédiate du mariage et de l’adoption homosexuels en Corse, au non de la désormais célèbre « exception corse » ? Le FN en est convaincu. « Vous ferez une action concrète, à fort consensus populaire, en faveur de la famille traditionnelle corse et vous prouverez ainsi que votre volonté de protéger nos coutumes et nos enfants est sincère et véritable. »
Sans sourciller, le Front National de Corse demande aux élus de mettre en œuvre les pouvoirs d’adaptation législative prévus par les lois de décentralisation, afin que :
« 1/Aucune autorité siégeant en Corse ne puisse célébrer un mariage entre personnes de même sexe.
2/ Aucune autorité siégeant en Corse ne puisse autoriser une adoption par des personnes de même sexe.
3/ Ces interdictions soient immédiatement déployées sur le territoire corse, en attendant l’autorisation gouvernementale ».
Et d’ajouter, « les Corses vous ont fait confiance quant à la défense de leur mode de vie et de leurs traditions. Ne les décevez pas ».
On a hâte de lire les réponses qui seront apportées à cette injonction lancée par le Front Nationale de Corse qui, faut-il le préciser, ne dispose d’aucun siège à l’assemblée territoriale…