Les médias d’Etat chinois ont passé sous silence la présence, au côté de la cheffe du Gouvernement islandais, de son épouse. Déception chez les gays et lesbiennes du pays, qui se réjouissaient de cette visite symbolique.
Le Premier ministre islandais vient de boucler un voyage officiel de cinq jours en Chine. Le séjour de Jóhanna Sigurðardóttir, à la tête d’une petite île de 300’000 habitants, aurait pu passer inaperçu, dans le pays le plus peuplé du monde. Les discussions officielles, sur les ressources de l’Arctique et les investissements, n’avaient rien de particulièrement palpitants, a priori. Sauf que, avec le Belge Elio di Rupo, l’Islandaise est le seul chef de Gouvernement ouvertement homosexuel du monde. L’épouse de Jóhanna Sigurðardóttir, l’auteure Jonina Leosdottir, faisait partie du voyage. Mais cette dernière est restée invisible dans les images et les reportages des médias officiels. Seule une télévision de Hong-Kong s’est permise de mentionner que Mme Sigurðardóttir avait remercié son homologue, Li Keqiang, pour «l’accueil amical» réservé à sa femme.
Buzz anticipé
Sur les réseaux sociaux, où la venue du couple avait été anticipé par un large buzz, ce silence a été jugé comme une forme de censure, relève le «South China Morning Post». «Cela montre la pratique habituelle d’ignorer ou de négliger les questions gay et lesbiennes en Chine», estime Elsie Liao Mengru, une étudiante lesbienne qui milite pour l’ouverture du mariage dans la République populaire. «Les autorités ont craint de promouvoir un style de vie homosexuel s’ils l’avaient incluse dans les news», analyse de son côté Hu Zhijun, directeur de PFLAG China, un groupe LGBT basé à Guangzhou. «Je connais personnellement une soixantaine de hauts fonctionnaires qui sont gays. Il y en a bien plus qui n’ont jamais osé sortir du placard.» Il ajoute que la visite aurait dû servir d’«encouragement aux nombreux officiels vivant dans l’obscurité».
Par Antoine Gessling