Après un conseil municipal extraordinaire vendredi soir, Jean-Louis Pateyron, le maire de Saint-Pierre-Bellevue a décidé de renouveler pour neuf ans le bail commercial au couple de boulangers installé dans le village du Compeix. Une partie des élus de la commune s’étaient prononcés contre ce renouvellement, jugeant les services insatisfaisants. Mais parmi les 800 clients qui ont signé une pétition de soutien aux deux artisans, certains dénoncent des attaques homophobes à peine voilées.
Les ennuis ont commencé lorsque le panneau de la boulangerie, situé à l’entrée du village a été tagué d’injures haineuses. Mais David et Laurent n’ont pas craqué :
« David et moi on s’assume, les gens nous aiment, si deux ou trois personnes ont un problème avec ça, c’est eux qui sont malades ».
Originaires de banlieue parisienne, David Nowicki et Laurent Massart, respectivement pâtissier et boulanger, se sont installés en juin 2014 au Compeix pour reprendre le seul commerce du village, la boulangerie rénovée par la commune. Mais leur bail précaire arrive à échéance en mai prochain. Une partie du conseil municipal s’est alors prononcé contre le renouvellement de leur bail arguant que les horaires d’ouvertures étaient insuffisants. « Pour gérer ce commerce au mieux, c’est ce qu’il fallait faire », explique Laurent Massart, « nous n’avions pas assez de clients l’après-midi pour que ce soit rentable, et ça ne dérangeait personne à part deux ou trois insatisfaits. »
Parmi ces conseillers municipaux, Jean Tixier se défend de toute homophobie : « l’homophobie, c’est la pire des choses, c’est désagréable et antirépublicain ». L’élu met en avant « un problème de comportement, très souvent vous arrivez à midi, la boutique est fermée, ils doivent accepter certaines règles. Ces deux boulangers ont créé une sorte de cour autour d’eux comme s’ils étaient les rois de la région. La boulangerie appartient à tout le monde. »
Avec le renouvellement de leur bail, David et Laurent vont « pouvoir dormir tranquillement ces neuf prochaines années ». Sans rancune contre les conseillers municipaux qui souhaitaient les voir partir, le couple de boulangers se dit « profondément reconnaissant et ému devant l’élan de soutien de la population ».
Contacté par Francebleu, le maire de la commune n’a pas donné suite aux sollicitations.