Ce jeudi 13 juin, le Tribunal fédéral suprême (STF) a provisoirement décrété que l’homophobie était équivalente au délit de racisme (punissable au Brésil de un à trois ans de prison ou d’amendes), en attendant que le Congrès élabore une loi spécifique. Une mesure importante pour les minorités sexuelles d’un des pays qui comptent le plus grand nombre d’assassinats de personnes LGBT. Mais selon le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, cette décision serait « préjudiciable » aux homosexuels eux-mêmes.
Dans le cadre du travail, un employeur « réfléchira à deux fois » avant d’en embaucher un, « par crainte d’être accusé d’homophobie », a-t-il estimé ce vendredi 14 juin, en accusant la Cour suprême d’avoir outrepassé ses prérogatives.
La STF s’est « complètement trompée » en allant « sur le terrain législatif ». Le vote a par ailleurs été acquis par huit voix contre trois. Mais, selon Jair Bolsonaro, s’il y avait eu un juge évangélique, il aurait « demandé un délai » pour analyser la question, laissant le vote en suspens. « Il faut un équilibre (à la Cour). Il ne s’agit pas de mélanger la politique et la religion », a-t-il ajouté, cité par le site d’information G1, rapporte l’AFP.
Elu grâce au soutien des églises pentecôtistes ultra-conservatrices, Bolsonaro avait déjà évoqué fin mai la possibilité de nommer un juge évangélique à la Cour suprême où deux postes seront vacants avant la fin de son mandat en 2022.
Selon l’ONG Grupo Gay da Bahia (GGB), qui collecte des statistiques nationales depuis quatre décennies, il y a eu en 2017 au Brésil 387 meurtres et 58 suicides dus à ce que l’association appelle « homotransphobie », c’est à dire les sentiments négatifs envers les homosexuels ou envers les transsexuels.