Environ 500 personnes ont participé samedi à la marche des fiertés de Split, dans le sud de la Croatie, qui s’est déroulée sous haute surveillance policière, en raison des violences ayant émaillé un événement similaire en 2011, a rapporté une journaliste de l’AFP.
Elu début juin, le nouveau maire social-démocrate de la ville, Ivo Baldasar, a rejoint la tête du cortège, avec cinq ministres du gouvernement, dont celui de l’Intérieur, Rajko Ostojic, et celle des Affaires étrangères, Vesna Pusic, parmi d’autres diplomates occidentaux en poste à Zagreb.
M. Baldasar, qui devient ainsi le premier maire d’une ville croate à défiler lors d’une pride, depuis la première organisée à Zagreb en 2002, n’a pas manqué d’affirmer son soutien à la communauté, qui devrait bénéficier des mêmes droits que tout autre citoyen, a-t-il insisté.
La manifestation était considérée comme un test du respect des droits de l’homme dans ce pays qui est appelé à adhérer à l’Union européenne en juillet 2013. Bruxelles avait fait savoir qu’il allait surveiller de près le déroulement du défilé.
Quelque 900 policiers en tenue antiémeute et forces spéciales, ont encadré les participants qui sont partis d’un parc du centre-ville pour arriver, sans incidents, sur la célèbre promenade face à la mer Adriatique, la Splitska Riva.
« Nous ne les voulons pas ici! Pourquoi nos enfants doivent-ils assister à çà? », a lancé Sime Tokic, un électricien de 49 ans, au passage du cortège.
Attablée sur une terrasse avec une amie, une retraitée, Ana Stojic, soutient la manifestation.
« Tout le monde a le droit de défendre ce qu’il est. Si ça ne plaît pas à quelqu’un, il n’est pas obligé de regarder. Mais je crains que la société croate ne soit pas encore prête pour ce genre de manifestation », estime Mme Stojic.
Des militants venus de Serbie et du Monténégro voisins ont encore grossi le rassemblement. Et près de 300 autres se sont également mobilisés dans la ville de Rijeka (nord) pour exprimer leur soutien aux manifestants de Split, selon la presse croate.
En 2011, lors de la première pride dans la ville, des protestataires homophobes avaient jeté des pierres et des bouteilles sur la parade, blessant une dizaine de personnes.
Depuis, elles ont lieu, comme dans la capitale chaque année, mais sous protection.
La société croate reste très traditionaliste. Et l’Eglise catholique, très influente dans le pays, a d’ailleurs qualifié publiquement l’homosexualité de « handicap » et de « perversion ».
En 2003, la Croatie a néanmoins accordé aux couples du même sexe les mêmes droits qu’aux hétérosexuels vivant en union libre, dont une sorte de reconnaissance de la communauté de biens.