Avocat réputé, figure célèbre de la défense des droits humains, Sidiki Kaba bénéficie d’un a priori favorable de la part de nombreux acteurs de la justice mais des voix commencent déjà à s’élever pour qu’il fasse bien la distinction entre l’avocat qu’il était, et le ministre qu’il devient.
« Les avocats n’ont pas toujours été les meilleurs ministres de la Justice que nous ayons eus, indique à RFI Aziz Seck, le président de l’Union des magistrats sénégalais. Ils ont tendance à faire des règlements de compte personnels et à faire avancer des textes favorables à leur corporation (…) Espérons qu’il changera ça », précise le juge.
« La fonction de ministre de la Justice ne doit pas être confondue avec celle d’avocat, estime pour sa part Aboubacry Mbodj, le secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho). Le fait d’avoir accepté d’être garde des Sceaux oblige Sidiki Kaba à se situer au-dessus de la mêlée et à veiller à ce que justice soit rendue sans prendre la défense de l’une ou l’autre des parties ».
Maître Sidiki Kaba qui s’était ainsi déclaré en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité dans son pays devra donc se soumettre à la position du chef de l’Etat et de son gouvernement :
‘’Je suis un ministre de la Justice qui exerce dans le cadre d’un gouvernement et qui exprime ses positions à travers celles du chef de l’Etat et qui s’impose à l’ensemble de ceux qui servent sous sa direction’’, a-t-il dit, répondant à l’interpellation des journalistes sur sa position. ‘’J’ai exprimé celle de mon organisation’’, a-t-il souligné.
Le président Macky Sall avait en effet annoncé en juillet dernier, lors de la visite officielle du président américain Barack Obama, qu’il n’y aurait pas, tout au moins pendant son mandat, de dépénalisation de l’homosexualité.
En 2009, l’actuel ministre de la Justice avait déjà désapprouvé les interpellations de neuf personnes lors d’un mariage d’homosexuels sur la base de l’article 319 du Code pénal sénégalais qui condamne les unions « contre-nature« . L’homme avait encore réaffirmé sa position estimant que les condamnations d’homosexuels à la prison étaient contraire aux conventions internationales signées par Dakar.
‘’… il existe une forme de pression sociale qui pousse la justice à sévir fortement. Elle est notamment le fait des islamistes et d’une partie de l’opinion publique hostile aux personnes ayant des orientations sexuelles différentes.‘’
Un élan courageux, il y a pas mal de travail mais patience, restons confiants. Et espérons également que les prochaines élections dans le pays nous apportent un lot de bonne surprise, qui sait : Maître Sidiki Kaba président ?
T.G. pour Stophomophobie avec RFI et APSb