En ce 17 mai 2016 le Comité IDAHO France (International Day Against Homophobia and transphobia) souhaite remercier, comme chaque année depuis la création de notre journée, toutes les associations, les militants ainsi que tous les sympathisants pour leurs engagements et soutien. Sans les LGBTH réunis, cette « Journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie » ne pourrait pas exister ni en France ni dans le monde. Une journée qui nous rappelle que l’Amour LGBT reste à ce jour le plus persécuté et comme partout, la religion en est encore l’un des moteurs de la répression. Chaque pays qui tue et condamne le simple fait « d’être et d’aimé entre adultes consentants » est un état terroriste, au même titre que les meurtriers qui ont diligenté les attentats contre Charlie.
Le 6 mars dernier, la France a remis la légion d’honneur à Mohammed ben Nayef, prince héritier d’Arabie saoudite. Une « tradition diplomatique », selon Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, alors même que le régime saoudien, qui ne s’encombre pas des Droits de l’Homme, condamne notamment « tout acte de sodomie commis par un non-musulman avec un musulman à la lapidation ».
Cette année le Comité Idaho France a donc refusé de s’associer à la conférence organisée par le Quai d’orsay et appelle toutes les organisations et associations, qui ont un minimum de respect envers les victimes, à se retirer de cette « mascarade insultante ».
La France entend être « exemplaire pour porter les libertés fondamentales : c’est son combat, c’est aussi son honneur », déclarait le Président de la République dans son premier discours devant l’assemblée plénière des Nations unies.
Malgré les promesses, la France, berceau des droits de l’homme, n’a tenu aucun de ses engagements en faveur de la « dépénalisation universelle de l’homosexualité ». Un peu d’ailleurs comme son gouvernement a fait voter la loi sur le mariage pour tous, bafouée par des centaines de milliers de personnes. Nous étions des leaders, nous sommes désormais de « petits suivants ». Les politiques qui ne prennent pas de décisions pour les LGBT : c’est de la lâcheté ! Et nous avons toutes et tous notre part de responsabilités.
Renouvelant ses ambitions et son soutien, Robert Badinter me confiait il y a quelques temps ne pas comprendre le manque de courage de la diplomatie française à mettre en œuvre et porter auprès de l’ONU cette résolution pour la « dépénalisation universelle… » toujours « imminente » : « Elle devrait être relancée tous les mois, tout le temps… Et à chaque fois qu’une condamnation est prononcée, c’est toute la communauté LGBT et civile qui devrait se mobiliser. »
« Toute catégorie confondue : la communauté LGBT reste la plus persécutée aujourd’hui ! »
Apartheid d’états : Dans plus de 80 pays à travers le monde, les homosexuels sont pourchassés comme des criminels et risquent des peines de prison, de plusieurs mois à perpétuité, ou la peine capitale dans 9 états religieux.
Au vu des prochaines présidentielles américaines, si Donald Trump est élu président, plus aucune résolution sur la question LGBT ne sera envisageable à l’ONU pendant un minimum de 4 ans.
Nous espérons ainsi des actes forts et des annonces concrètes des pouvoirs publics, concernant également la simplification du changement d’état civil des personnes trans, au cœur de nos revendications, avec un accompagnement réel et des mesures pour garantir leur accès aux soins. Un amendement socialiste au projet de loi « justice pour le XXIe siècle » est examiné à partir de ce 17 mai par l’Assemblée nationale à ce sujet. S’il était encore besoin d’arguments, le gouvernement peut se référer au rapport de la « Mission transphobie » que nous avons rendu en 2015 à Madame Taubira, ancienne garde des Sceaux, et auquel la plupart des associations trans ont participé.
En cette journée et comme tous les autres jours, toutes nos pensées vont aux victimes. Pays du Sud et du Nord réunis, solidaires pour une résolution contre l’homophobie.
Alexandre Marcel
Président du Comité IDAHO France