Après des années de débat, les premiers autotests de dépistage du VIH seront vendus dans les pharmacies dès le 15 septembre. Ils seront délivrés sans ordonnance, moyennant 28 euros. Un mineur pourra l’acheter seul. Dès lors, il sera possible de savoir en un quart d’heure, seul chez soi, si on est séronégatif ou séropositif. Il faut prélever une goutte de sang au bout de son doigt. Quinze minutes plus tard, vous lisez les bandelettes réactives.
Une ligne : tout va bien. Deux lignes rosés : « Vous êtes probablement séroposifif », dit la notice.
Questions éthiques
La fiabilité de l’autotest est de 99%. Attention : si la contamination n’a pas eu lieu dans les trois derniers mois. En laboratoire, ce délai est réduit à six semaines. Le problème, c’est qu’on ne lit pas toujours attentivement les notices. On peut donc imaginer que certains utilisateurs vont se tromper dans la lecture de leur autotest.
S’ils n’arrivent que maintenant, c’est que ces autotests posent une infinité de questions éthiques. Peut-on laisser un adolescent apprendre seul dans sa salle de bains qu’il est atteint du sida ? Le professeur Delfressi, le « monsieur Sida » en France, confie qu’il a changé d’avis il y a cinq-six ans lorsque l’idée que la maladie, avec les traitements, n’était plus forcément mortelle avait été intégrée. En gros, que le danger de voir des tentatives suicide à la suite de ces tests étaient en partie écartées.
Quatre ans pour convaincre
Les tests rapides de VIH existent depuis près de vingt ans. Mais le premier auto-diagnostic est sorti aux États-Unis en 2012. Il s’agissait d’un test de salive, un peu moins fiable (autour de 90%). L’autotest français sera basé sur un analyse du sang, mais il vient quand même d’outre-Atlantique.
Fabien Larue, patron d’AAZ-LMB (qui fabrique le test, commercialisé par les Laboratoires Mylan en France), a racheté la licence à un laboratoire américain. Il a fallu, pour cette société, quatre ans de travail et de démarches pour convaincre. Ce qui a emporté la décision de la France, c’est la lutte contre ce qu’on appelle « l’épidémie cachée ». En France, 30.000 personnes ignorent qu’elles sont atteintes et en contaminent d’autres. On estime que 400 personnes pourraient échapper à une contamination grâce à ces autotests.
En cas de doutes et d’interrogations
L’utilisateur peut s’adresser à son pharmacien, à une association de lutte contre le sida ou appeler le n° vert de Sida Info Service (0 800 840 800 appel anonyme et gratuit). Ce dernier propose une information sur le VIH et les ADVIH 24 h/24 et 7 j/7.
Sida Info Service met à disposition sur son site www.sida-info-service.org la liste des : CDAG ; CIDDIST ; services hospitaliers VIH ; PASS et autres structures offrant des soins aux plus démunis ; structures établies par les COREVIH ; associations et antennes locales d’associations de lutte contre le sida. La liste des structures auxquelles s’adresser sera également disponible dans le livret mis à jour par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes).
Selon le dernier rapport de l’ONUSIDA
35,3 millions de personnes vivaient avec le VIH (PVVIH) dans le monde en 2012 ; 2,3 millions, nouvellement infectées et 1,6 millions étaient décédées de maladies liées au VIH/sida.
En France, selon les dernières estimations, en 2010, 150 000 personnes vivaient avec le VIH (prévalence : 0,4 %). La prévalence chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les usagers de drogues par voie injectable (UDI) est de 18%. La prévalence a augmenté de 70% depuis 2000. Cette augmentation traduit une amélioration de la survie des personnes infectées mais aussi de nouvelles contaminations.
Entre 7000 et 8000 personnes sont nouvellement contaminées par le VIH en France chaque année, soit un taux d’incidence de 1,8/10000 personnes : 40 à 50% se produisent chez les HSH (incidence : 1/100 personnes) et 20 à 30% chez des hétérosexuels d’origine étrangères (incidence : 0,2/100 personnes). Grâce aux programmes d’échanges de seringues seul 2% des nouvelles contaminations concerne les UDI.
On estime qu’en France près de 30 000 personnes ignoraient leur séropositivité fin 2010 (épidémie cachée). Or l’absence de dépistage expose à un diagnostic tardif et à une propagation de l’infection par le VIH. En effet, un traitement antirétroviral efficace réduit de plus de 90% le risque de transmission du VIH.