L’Europride 2013 de Marseille, dont tous les observateurs déplorent le bilan calamiteux (voir Télérama, France Info ou encore La Provence), a-t-elle servi de potentielle tirelire à un proche de Jean-Claude Gaudin, le maire UMP de la ville ?
C’est ce que dénonce un ancien cadre de la Lesbian and Gay Parade Marseille, l’association organisatrice de l’événement :
« Le message était on ne peut plus clair. Si nous souhaitions une subvention, elle passait par un contrat avec le prestataire de leur choix, dans ce cas précis SC Conseils, la boîte de com’ de Sébastien Chenu. »
« Dans l’intérêt des organisateurs »
Dans une série d’e-mails échangés fin 2012 entre les organisateurs de l’Europride, le cabinet de Jean-Claude Gaudin et Sébastien Chenu, il apparaît effectivement qu’une mise en relation a bien été effectuée. Mais l’intéressé dément tout favoritisme.
« C’est complètement farfelu et tiré par les cheveux. C’est moi qui ai demandé à mettre mon expérience à leur service, et oui, la mairie m’a transmis les coordonnées des organisateurs. »
A la mairie de Marseille, un cadre « événementiel » reconnaît cette « mise en relation », mais assure que « c’est dans l’intérêt des organisateurs ».
Coïncidence troublante : la création de l’agence SC Conseils a opportunément eu lieu le 5 octobre 2012 avec un capital de 200 euros, comme l’indique le site Societe.com. Soit pile au moment où ont commencé les discussions autour de ce contrat.
Dans une première « proposition d’accompagnement et d’assistance » datée du 31 octobre 2012, Sébastien Chenu place la barre très haut. Il réclame « 60 000 euros HT (hors transports, hébergements) » pour un service minimum n’incluant pas la communication.
« Cette prestation n’a pas vocation à se substituer à une agence événementielle ou de communication et exclut de fait l’organisation technique et pratique des événements, la démarche partenariats commerciaux, la gestion budgétaire, le Web et les relations internationales. »
Un parrain acteur de « Plus belle la vie »
Par e-mail, un « general manager » de la ville insiste de nouveau sur cette nécessité d’obtenir « l’aide d’un professionnel de la communication ».
« Toutefois, l’aide fournie par la Ville de Marseille va nécessiter d’étayer le dossier […] afin de présenter l’Europride au prochain conseil municipal. L’aide d’un professionnel de la communication me semble à ce stade nécessaire. »
La subvention, d’un montant de 100 000 euros, étant tout entière absorbée par le devis de SC Conseils (en comptant les taxes, les transports et hébergements), une négociation s’engage alors entre les différents partenaires. Et Sébastien Chenu consent une diminution de son traitement.
« L’organisation n’est pas fortunée, nous sommes tombés d’accord pour des factures de 3 500 euros hors taxes et sans les frais, sur cinq mois. »
Quelques jours après la fin de l’événement, Sébastien Chenu assure n’avoir perçu que deux versements de 3 500 euros.
« Sincèrement, je pourrais me tourner contre l’organisation, mais c’est une cause qui me tient à cœur. J’ai rempli mon contrat, et même au-delà. »
Concrètement, le cofondateur de GayLib, mouvement lesbien, gay, bi et trans (LGBT) associé à l’UMP et qui en a claqué la porte en janvier 2013, dit avoir « apporté des témoignages sur le site internet de l’Europride » et obtenu « le parrainage de Laurent Kerusoré, acteur de “Plus belle la vie ” » incarnant un jeune barman gay.
« C’est une figure emblématique et il habite Marseille. A chacune de ses interviews, il en a parlé pour donner de la visibilité à l’événement. »
Une explication politique
Derrière le fiasco de l’Europride 2013, il y a sans doute une guerre interne que se livrent, depuis plusieurs mois, les associations LGBT. Sébastien Chenu s’y dit étranger :
« Ils ont des histoires internes auxquelles je n’ai rien compris, c’est un panier de crabes impossible. »
Un autre cadre associatif croit détenir une explication plus politique :
« Chenu est un proche de Copé et Gaudin, deux opposants au “mariage pour tous”. Alors que d’autres ont claqué la porte, lui reste dans l’espoir d’obtenir une investiture. Ce petit arrangement marseillais aurait pu passer inaperçu s’il n’y avait pas cet aspect du dossier. »
Actuellement élu à Beauvais, cet ancien collaborateur de Christine Lagarde s’est rapproché de NKM et organise, dans la perspective des municipales 2014, son implantation dans le IIe arrondissement de Paris.
Droit de réponse de la société SC Conseils
– L’article du 29 juillet, paru sur votre site Rue89, mettant en cause la société SC Conseils ne vise qu’à créer confusion et amalgames douteux et ne répond à aucune réalité, tant sur les informations que sur les conclusions qui en sont tirées de façon très partiale. Je m’étonne d’ailleurs de voir un média publier des informations que les simples faits de la réalité contredisent. Une enquête basique aurait suffit à démentir l’intégralité de ce papier.
– Comme tout prestataire et professionnelle du conseil et de la communication la société SC Conseils a proposé ses services à la LGP, organisatrice de l’Europride 2013 en amont. Au delà de l’aspect professionnel, l’idée de participer à cet événement, au regard de mes engagements militants, me semblait important.
– Après plusieurs mois de discussions, et de multiples interlocuteurs côté Europride la société SC Conseils a signé un contrat d’assistance avec les organisateurs afin de renforcer la notoriété de la manifestation, en particulier lui trouver un parrain. Ce contrat fut signé pour 5 mois, rémunéré 3500 euros HT mensuels. A ce jour seuls 2 mois ont été honoré par un paiement de la LGP.
– La société SC Conseils s’est acquitté de l’ensemble des obligations du dit contrat, dépassant largement le résumé fait dans votre article. L’ensemble de cette opération a été réalisée dans un strict respect du cadre légal et réglementaire.
– Tout autre sous entendu, amalgame ou procès d’intention véhiculé par quiconque et de quelque façon que ce soit m’amènerait à saisir immédiatement la justice.
Pour SC Conseils S.Chenu, Président
rue89.com