Le 30 novembre dernier, la Cour suprême russe a déclaré « extrémiste » le « mouvement international LGBT et ses filiales », qui interdit de fait toutes les activités et organisations LGBT publiques dans le pays.
Exprimant leurs inquiétudes, des experts indépendants des Nations Unies ont réagi et envoyé, ce 4 décembre, une lettre officielle à la Fédération de Russie, l’exhortant à rejeter cette décision, qui s’inscrit « dans la tendance des violations des droits humains » parrainées par l’État à l’encontre des personnes LGBT+, et à mettre ainsi un terme immédiat à l’utilisation abusive de la législation sur l’« extrémisme », « de plus en plus utilisée pour réprimer l’exercice légitime des droits de l’homme et la dissidence pacifique dans le pays ».
D’ailleurs, moins de 48h après l’adoption du texte, les forces de l’ordre ont mené des descentes à Moscou et à Saint-Pétersbourg dans des lieux fréquentés par la communauté, notamment des bars et des clubs. Des policiers cagoulés ont en effet fait irruption dans les locaux et procédé à des perquisitions « non autorisées », tandis que les documents d’identité des visiteurs ont été vérifiés et photographiés, « ce qui a créé d’autres risques de harcèlement ». De plus, l’un des lieux visés a décidé de résilier son contrat de location en raison de menaces proférées par des policiers.
« La nature immédiate et très médiatisée de ces actions semble viser à intimider et à instiller la peur au sein de la communauté LGBT en Russie », ont ainsi estimé les experts qui avertissent que les défenseurs des droits humains et les organisations qui défendent les droits humains des personnes LGBT+ en Russie sont désormais contraints de cesser leurs activités, pour éviter les poursuites pénales. Un certain nombre d’avocats, qui représentaient des personnes LGBT devant les tribunaux russes ont aussi quitté le pays ou envisagent de cesser leurs activités dans ce type d’affaires. « Cela compromet l’accès à la représentation juridique et à la justice pour les victimes de discrimination, de violence et d’autres crimes fondés sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre », ajoutent les experts.
Selon l’organisation russe de défense des droits humains SOVA Center, également citée par les experts, 255 personnes ont été inculpées pour « extrémisme » ou de crimes connexes en 2022 « sans motif valable ».