Cette année encore, les autorités russes avaient interdit l’organisation d’une manifestation pour les droits des homosexuels. Malgré l’interdiction, une petite dizaine de personnes se sont retrouvées samedi 31 mai dans le centre de Moscou, en face de la mairie, à l’appel de l’association Gay Russia, qui défend les droits des homosexuels, des bi et transsexuels en Russie.
Deux manifestantes qui avaient déployé un drapeau aux couleurs de l’arc-en-ciel ont été arrêtées par une demi-dizaine de policiers antiémeutes, qui les ont enfermées dans un camion blindé.
« Chaque année, c’est la même farce. Nous venons manifester pour nos droits, la police nous arrête afin que la télévision rassure la population et nous sommes relâchés deux heures plus tard. C’est déprimant, a regretté Dana Frieder, l’une des manifestants, transsexuelle. Mais nous n’avons pas peur de la police, nous avons peur des homophobes, nous espérons qu’ils ne viendront pas ici. »
Selon un communiqué publié vendredi par Gay Russia, la « gay parade » devait rejoindre une marche en soutien à la chanteuse autrichienne Conchita Wurst, dont la victoire à l’Eurovision a suscité l’hostilité homophobe de politiciens et de stars russes.
Une voiture pavoisée de drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel a longé la place, diffusant à plein volume la chanson phare de Conchita Wurst, Rise Like a Phœnix.
« Nous nous taisons et le gouvernement profite de notre léthargie », a déploré l’un des participants, Alexeï Botcharov. Hétérosexuel, il dit se « battre pour que chacun puisse choisir librement comment aimer et vivre ». « Tant qu’il y aura ne serait-ce qu’une personne pour défendre notre cause, il reste de l’espoir », a-t-il ajouté, s’avouant néanmoins « déçu » du faible nombre de participants.
La Russie interdit quasi chaque année les manifestations pour la défense des droits des homosexuels, des bi et transsexuels, et a adopté l’année dernière une loi controversée sur la « propagande » homosexuelle devant mineurs, qui a provoqué de vives critiques en Occident.