Les transsexuels en Malaisie font l’objet d’une répression systématique, de harcèlement et de mauvais traitements qui s’inscrivent dans « l’islamisation » de ce pays d’Asie du Sud-Est, dénonce l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi.
En Malaisie, « vous pouvez être arrêtés simplement parce que vous êtes transsexuel. C’est quelque chose que nous ne voyons pas dans le reste du monde », relève Boris Dittrich, directeur de la défense des droits des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels) à HRW.
« Cela correspond à l’image de l’islamisation » de ce pays à majorité musulmane dirigé par un gouvernement conservateur, ajoute le responsable de l’ONG appelant les autorités à abroger les lois pénalisant les comportements des transsexuels.
La Malaisie a des tribunaux civils basés sur la loi britannique — ce pays fut une ancienne colonie britannique — mais aussi des tribunaux de la charia qui régulent l’adhésion aux pratiques islamiques et ne s’appliquent qu’aux musulmans.
La loi de la charia interdit aux hommes de s’habiller comme des femmes, un délit passible d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison ferme.
Dans son rapport de 73 pages, HRW dénonce les arrestations, agressions et extorsions visant les transsexuels, ainsi que des humiliations en public, des entraves aux soins, à l’éducation et à l’emploi.
Des Malaisiens nés hommes mais qui s’identifient comme des femmes sont soumis à des persécutions de la part des autorités, souligne l’ONG qui a interrogé des dizaines de transsexuels.
L’un d’eux, identifié comme Victoria, a affirmé avoir été déshabillé et agressé par des représentants des autorités qui appliquent l’orthodoxie islamique.
« J’ai été complètement humilié. Tout le monde regardait. Ils ont pris des photos de moi nu », a déclaré Victoria.
En Malaisie, les transsexuels « risquent d’être interpellés tous les jours » et les autorités n’ont aucun compte à rendre de leurs agissements, déplore M. Dittrich.
Les Malais musulmans représentent environ 60% de la population de ce pays de quelque 30 millions d’habitants, où la pratique de l’islam est historiquement modérée. Mais des minorités religieuses et autres critiques se disent de plus en plus inquiets de l’augmentation des attitudes conservatrices dans l’application de l’islam, religion d’Etat.
AFP