Le 6 mars dernier, un jeune homme gay a été agressé à la machette par d’autres jeunes de son quartier, qui l’avaient déjà menacé de « décapitation », « s’il ne changeait pas d’orientation sexuelle ». La victime, Eustache, est actuellement dans le coma. La vidéo de son agression circule sur les réseaux sociaux. Personne n’est intervenue pour lui porter secours.
Ce mercredi 5 avril, un homme transgenre a également été retrouvé pendu à son domicile, après avoir subi un viol correctif commandité trois jours plus tôt par ses frères, qui voulaient le soigner là encore, « en lui faisant découvrir le plaisir hétérosexuel ». La victime a dénoncé son agression dans un courrier posthume. Elle a été inhumée ce 9 avril. Le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) des Nations Unies a pu « convaincre » les autorités locales d’ouvrir une enquête.
La semaine précédente, ce sont trois femmes transgenres qui ont été molestées, et leurs colocataires, un couple de lesbiennes, violées, pour avoir voulu exercer leurs droits et s’enregistrer sur les listes électorales, pour les prochaines élections présidentielle et législatives de fin d’année. Les agents leur reprochaient de « promouvoir l’homosexualité et d’aller à l’encontre de la coutume et de la tradition ». Alerté, le chef de quartier est donc intervenu, accompagné de policiers et de voyous. Les cinq femmes ont été contraintes de fuir, leurs biens, pillés, et leur maison, réduite en cendres.
Des violences LGBTphobes récurrentes et qui se banalisent, particulièrement dans l’est du pays, alors que la République Démocratique du Congo ne pénalise ni l’homosexualité ni la transidentité, rappelle Jérémie Safari, président du Rainbow Sunrise Mapambazuko, qui œuvre pour la défense des minorités sexuelles dans tous les territoires de la RDC et en Afrique en général.
Mais la région est embrasée depuis 20 ans dans des conflits ethniques, politiques et économiques qui auraient déjà fait entre 4 et 6 millions de morts. « La situation des personnes LGBTI+ ne suscite donc guère de lumière, alors que les violations de leurs droits humains y sont légions. Même la loi contre les violences sexuelles (06/018 du 20 juillet 2006) ne s’applique pas dans les faits aux personnes LGBTI+ en RD. Congo. Souvent, les dossiers sont classés sans suite », ajoute Jérémie Safari, qui appelle à une surveillance accrue du pays « en roue libre » sur ces questions.
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