Les discussions initiées en juin dernier par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, en vue de modifier l’arrêté du 12 janvier 2009 fixant les critères de sélection des donneurs de sang, sont en train d’aboutir à un consensus : transformer l’interdiction permanente de don imposée aux donneurs masculins qui déclarent avoir eu une relation sexuelle avec un homme (HSH) en interdiction temporaire de 12 mois. Cette piste serait assortie de programmes de recherches sur l’impact sanitaire de cette mesure.
La réunion s’est tenue ce mercredi, rassemblant plusieurs instances sanitaires gouvernementales (DGS, ANSM, l’établissement français du sang) et de nombreuses associations de patients et associations LGBT. Bien que la solution de l’interdiction de 12 mois (solution appliquée au Royaume-Uni et en Australie), assortie d’une évaluation scientifique, semble privilégiée, plusieurs possibilités sont toujours sur la table – allant du maintien de l’interdiction permanente avec cependant autorisation du don de plasma obtenu par aphérèse, au passage vers une contre indication temporaire de 4 mois, avec ou sans autorisation de don de plasma.
Ce consensus est le fruit d’un long débat car, si les associations comme GayLib ou Homodonneur militaient pour faire des HSH un comportement à risque « comme un autre », les associations de patients ne l’entendaient pas de cette oreille. « Je comprends parfaitement le sentiment de discrimination que peuvent ressentir les HSH, mais le don du sang n’est pas un droit. En revanche, la sécurité des produits sanguins est un droit des receveurs, rappelle Thomas Sannié, président de l’Association française des hémophiles. À l’origine, nous avions demandé une interdiction temporaire de cinq ans, comme au Canada. Nous acceptons la contre-indication d’un an car l’expérience australienne montre que l’on peut appliquer cette politique. Ce que nous refusions absolument, c’était le passage à 4 mois. Il faut aussi que, si l’évaluation est négative, on accepte l’idée d’augmenter ce délai. »
Pour sa part, le président de la FFDSB (Fédération française du don de sang volontaire), Roger Praile, rappelle que « les hémophiles, les personnes qui ont séjourné dans les pays exposés au paludisme ou en Angleterre dans les années 2000 sont tous exclus du don. On ne peut pas limiter le débat à l’envie de lever un sentiment de discrimination. »
C’est le ministère qui prendra la décision définitive. Pour Stéphane Gobel, coordinateur info droit au CISS (Collectif interassociatif pour la santé), « il est important que tout le monde adhère aux nouveaux critères de sélection. La décision devra donc faire consensus ». Selon Thomas Sannié, les discussions approchent de leur terme : « D’ici à septembre nous sommes chargés de revenir auprès de nos organisations respectives afin de donner notre avis définitif. Je pense que ceux qui ne se rangent pas autour de ce consensus-là seront considérés comme peu raisonnables. »
Pétition : Oui au don du sang pour tous ! Plus de 175000 signatures. Et la votre ?