La Société canadienne du sang a levé, l’an dernier, son interdiction à vie des dons de sang pour les hommes ayant des relations homosexuelles, permettant à ceux s’étant montrés abstinents depuis cinq ans de donner du sang. Un coup de sonde mis sur pied par la firme Ipsos Reid, au nom de l’agence, désire désormais savoir si les Canadiens seraient en faveur de ramener cette période d’abstinence à un an.
Mais la Dre Mindy Goldman, de la Société canadienne du sang, mentionne que l’agence n’envisage pas un tel geste pour l’instant. Mme Goldman précise que le sondage vise à recueillir des commentaires sur de possibles modifications qui pourraient être apportées dans les prochaines années.
«Il faudra encore deux ou trois ans pour évaluer l’impact de ce changement, alors nous n’avons pas encore suffisamment d’informations pour déterminer quelle sera la prochaine modification», poursuit le médecin par courriel.
L’agence a fait savoir en septembre que ses réserves de sang étaient «dangereusement basses» et demandait à tous les donneurs potentiels d’effectuer un don immédiatement.
D’autres pays, comme la Grande-Bretagne et l’Australie, ont déjà mis en place une période d’attente d’un an, et l’Afrique du Sud a ramené la sienne à six mois. Aux États-Unis, l’interdiction à vie demeure en vigueur.
Des détracteurs soutiennent que les interdictions de dons devraient porter sur le comportement sexuel, plutôt que sur l’orientation sexuelle. Par exemple, les homosexuels séronégatifs vivant en couple monogame depuis longtemps devraient pouvoir donner du sang.
Selon Helen Kennedy, directrice générale du groupe de défense des droits Egale, la politique devrait «être basée sur la science, plutôt que sur des stéréotypes».
Si les jeunes libéraux fédéraux ont lancé une pétition en ligne contre cette interdiction, les néo-démocrates, eux, affirment que cette période de cinq ans est discriminatoire.
Des modifications à la politique des dons de sang devraient être approuvées par Santé Canada, qui a fait savoir par communiqué qu’elle «évaluerait toute proposition» présentée par la Société canadienne du sang.
L’interdiction à vie des dons de sang des hommes homosexuels a été mise en place dans les années 1980 par la Croix-Rouge, alors responsable de l’approvisionnement du sang. La politique est entrée en vigueur après qu’il eut été démontré que le sida, alors sans traitement disponible, pouvait être transmis par des transfusions de sang.