Deux ans que le petit Félicien attend ses parents, à l’orphelinat de Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC). En Normandie, Karine et Hugues avaient tout préparé pour l’accueillir. Leur premier enfant, adopté lui aussi, trépignait d’impatience à l’annonce de la venue d’un petit frère qui n’est jamais arrivé. Tout était pourtant bien engagé.
En 2011, le couple se replonge dans le labyrinthe des procédures d’adoption, pour la seconde fois. Ils reçoivent leur agrément au mois de juin. Dans le monde de l’adoption, c’est un peu le graal, et pourtant le chemin reste long. Après maintes entretiens et visites chez le psychologue – un passage obligé – la bonne nouvelle tombe fin mai 2013. « Un petit garçon de six mois vous attend à Kinshasa », leur annonce-t-on au bout du fil. Mais quatre mois plus tard, c’est la douche froide. « On nous a appris qu’un moratoire interdisait toute sortie du territoire des enfants d’orphelinats, en RDC » raconte Karine, interrogée par metronews. « Cela devait d’abord durer un an, mais la situation s’éternise. » Résultat : 1300 dossiers gelés à l’international, dont 300 en France.
Suspicion de trafic d’enfant
La raison de ce revirement de situation ? Rien d’officiel, mais dans les couloirs du ministère des Affaires familiales congolaises, une drôle d’excuse circule. « Visiblement, ils suspectent un cas de trafic d’enfant, aux Etats-Unis. Un petit adopté aurait finalement été remis à une famille homosexuelle. » Or en RDC, l’adoption pour les couples homosexuels est interdite, comme le rappelle ce mémo des exigences du droit local, sur le site du ministère des Affaires étrangères.
Une version confirmée par l’organisme « Vivre en Famille », agréé par l’Etat Français et choisi par la famille de Félicien pour l’accompagner dans ses démarches. Contactée par metronews, la porte-parole de l’association ajoute : « Nous avons rencontré le président de l’Assemblée nationale en RDC. Il s’agit à présent de convaincre le président Kabila qu’en France, le trafic d’enfants ça n’existe pas et que nos procédures sont on ne peut plus sérieuses. »
Félicien, adopté mais sans foyer
Du côté du consulat de RDC en France, pas de réponse. Le Quai d’Orsay n’a pas non plus donné suite aux sollicitations. Mais la Mission d’Adoption Internationale (MAI), menée par le ministère des Affaires étrangères, semble prendre les choses au sérieux. Par voie de communiqué, elle évoque plusieurs réunions avec les autorités congolaises sur le sujet, ajoutant « qu’une décision sera prise prochainement ». La maman de Félicien, quant à elle, détaille : « Nous avons été reçus au quai d’Orsay avec plusieurs familles. On nous écoute, mais ce n’est pas assez. On voudrait à présent que des ministres se déplacent et fassent un réel travail de conviction. »
En attendant, Karine « espère encore une issue favorable » à son histoire. Elle pense surtout à Félicien, adopté mais toujours sans foyer. « Deux ans d’attente dans la vie d’un enfant, c’est considérable. »