Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit préoccupé vendredi par la situation au Malawi, où le porte-parole d’un des principaux partis politiques du pays a récemment décrit les gays et lesbiennes comme étant « pires que des chiens » et a appelé à les tuer.
Selon le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, cette déclaration a été faite, au début du mois, par le porte-parole du Parti du Peuple, Kenneth Msonda, sur sa page Facebook personnelle et répétée dans des entretiens avec les médias.
M. Msonda a été ultérieurement inculpé aux termes de la section 124(1)(b) du code pénal du Malawi, qui considère comme un crime l’incitation d’autrui à violer la loi. Il devait comparaître vendredi 22 janvier devant le tribunal correctionnel de Blantyre, la capitale, après qu’une plainte au pénal eut été déposée par deux organisations de la société civile.
Mais, le jour précédent, « le Directeur des poursuites pénales a envoyé une note au Magistrat-en-chef du tribunal lui demandant de mettre fin à la procédure, soulignant que l’Etat n’avait pas l’intention de poursuivre M. Msonda », a déclaré M. Colville.
« Nous sommes préoccupés du fait que la décision de ne pas engager de poursuites dans cette affaire constitue un signal dangereux selon lequel inciter autrui à tuer des homosexuels est légitime et toléré par les autorités – ce qui revient à encourager le recours aux menaces de violences et aux attentats contre la communauté homosexuelle et lesbienne au Malawi », a-t-il ajouté.
En mai 2015, le Malawi a accepté une recommandation, dans le cadre de son Examen périodique universel au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, de « prendre des mesures efficaces pour protéger les LGBTI contre les violences et poursuivre en justice les auteurs d’attaques violentes ».
« Le gouvernement du Malawi a la responsabilité, consacrée par le droit international en matière de droits de l’homme, de protéger toutes les personnes contre la haine et la violence basées sur leur orientation et leur identité sexuelles, et de faire rendre des comptes à quiconque se livrerait à de telles violences ou inciterait autrui à les commettre. Nous exhortons le gouvernement à assumer ses responsabilités à cet égard », a conclu le porte-parole.