Info ou intox ? A la veille des élections des représentants de parents d’élèves qui se tiennent les vendredi 10 et samedi 11 octobre, des opposés à la prétendue « théorie du genre » à l’école, se seraient porté candidats sur des listes indépendantes.
« 600 parents du primaire nous ont contactés pour savoir comment ils peuvent participer au débat et se faire entendre « , affirme Arnaud Alziari (27 ans), coordonnateur avec Esther Pivet du collectif Vigi Gender, qui s’engage à « promouvoir une école excluant le Gender comme fondements des programmes et activités scolaires et périscolaires ».
Une rhétorique caricaturale, proche de celle de la Manif pour tous, qui agite comme elle la menace d’un effondrement de la société traditionnelle. « Ces parents sont démunis », poursuit Arnaud Alziari.
Troisième voie ?…
Ils ne se retrouvent pas sur le programme de la FCPE [Fédération des conseils de parents d’élèves, classée à gauche, NDLR] qui a adhéré de manière cash aux ABCD de l’égalité, amplifiés à cette rentrée avec le Plan égalité. Ni sur celui de la PEEP [Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public, classé à droite, NDLR], qui n’y était pas formellement opposée.
Mais Vigi Gender n’a ni liste, ni label, ni adhérent. « On n’est pas dans une démarche politique. On se contente d’informer et de soutenir les demandes, en renvoyant les parents à notre site », poursuit le consultant en stratégie, lui-même « futur parent ». Le collectif a un référent dans une quarantaine de département et fournit sur son site une boîte à outil pour parents « Vigi Gender ». Au rang desquels une série de conseils du type :
…ou boycott
A l’inverse de ce mouvement qui prône l’engagement dans l’école, la militante Farida Belghoul, enseignante dans le Val d’Oise et actuellement en congé maladie, invite au boycott des élections. L’année dernière, cette proche de l’idéologue d’extrême-droite Alain Soral, avait déjà appelé les parents à des « Journées de retrait de l’école », pour dénoncer les programmes de sensibilisation aux discriminations sexuelles du ministère de l’Education.
Cette année, sur le site de la toute nouvelle « Fédération des associations de parents engagés et courageux » (Fapec) qu’elle a créée au printemps, Farida Belghoul recommande aux parents de ne pas voter aux élections. Ou à tout le moins, s’ils le font et qu’ils sont élus, de pratiquer la « politique de la chaise vide », et de mettre en place des « délégations de parents » extérieures aux conseils d’école.
Vigilance accrue
Que faut-il en penser ? Les fédérations historiques minimisent le phénomène, tout en gardant un œil sur lui. « Je n’ai rien de concret, aucune interpellation d’associations départementales dans ce sens », assure Valérie Marty, présidente de la PEEP, qui représente 2,47% des parents dans le primaire.
Mais il faut se méfier, parce que ces parents se présentent sans afficher leurs convictions ».
La FCPE (15,49% de parents) n’a pas plus de remontée de terrain. « On ne les repère pas, ils rentrent à visage couvert », reconnaît Paul Raoult, son président. « Mais on va être très vigilant par rapport aux discours qu’ils pourraient tenir dans les conseils d’école, pour agir dès qu’il y a une dérive ». Et la FCPE veille à éviter tout débordement.
En effet, seules des parents d’élèves peuvent participer à ces élections. Ils peuvent le faire sur des listes indépendantes, comme 59,85% des parents dans le primaire. Mais il leur faut rester dans les clous. La FCPE a par exemple alerté le Rectorat au sujet d’une association à Sigean (Aude), aux couleurs de l’anti-gender, dont les membres ne seraient pas exclusivement des parents d’élèves. « On portera plainte devant le tribunal administratif si cela s’avère vrai », dit Paul Raoult.
Surveillance aussi de la Fapec de Farida Belghoul, qui ne peut pas s’appeler « fédération de parents d’élèves » telle qu’elle est définie par le décret d’août 2006, puisqu’elle s’ouvre aussi aux « anciens et futurs parents d’élèves », autrement dit à tout le monde.
Caroline Brizard
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