Dans la nuit, malgré la combativité de la droite et les manifestations de rue, l’article premier a été voté assez largement. Avec 10 voix de plus que la majorité requise (abstentions comprises) alors que la gauche sénatoriale n’a que six voix de majorité sur la droite.
Cinq UMP et une UDI-UC ont voté pour, 2 UMP et 4 UDI-UC se sont abstenus et un UMP (Roger Karoutchi) n’a pas pris part au vote. A gauche, au RDSE (à majorité PRG), un sénateur a voté contre et 4 n’ont pas pris part au vote dont Jean-Pierre Chevènement.
La surprise vient du groupe PS qui a fait carton plein, le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, qui a présidé la plupart des séances, ayant exceptionnellement voté. Les sénateurs d’outre-mer PS ou apparentés PS dont on prédisait l’abstention pour certains, ont voté pour. Les écologistes et les communistes ont tous voté pour.
Cela est de bon augure pour l’adoption définitive du texte, même si certains qui ont fait défection à droite ont d’ores et déjà annoncé qu’étant opposés au volet filiation et à l’adoption plénière pour les couples homo ils voteraient contre l’ensemble du texte, à l’image de Muguette Dini (UDI-UC).
Ce vote est intervenu après plus de 10 heures de discussion de l’article, la droite sénatoriale multipliant les prises de parole, souvent répétitives et parfois virulentes, pour fustiger le texte. UMP et UDI-UC ont aussi joué la montre pour retarder le vote, par exemple en demandant la vérification du quorum des votants.
« Le mariage unit un homme et une femme en vue de la procréation. Deux hommes ou deux femmes ne pourront jamais avoir d’enfants! », a soutenu Charles Revet (UMP).
« Jamais je ne me permettrai de juger l’homosexualité: tout être humain a droit au bonheur. Mais l’enfant y a droit aussi. Il a droit de vivre dans le cadre d’une famille traditionnelle », s’est exclamée Marie-Thérèse Bruguière (UMP).
Jean-Claude Lenoir (UMP) a protesté contre « la transformation en profondeur de la filiation qui passe d’une vraisemblance biologique a une illusion juridique ». Catherine Morin-Desailly (UDI-UC) a estimé que le texte « prépare des évolutions plus profondes » en ouvrant « la voie à la PMA (procréation médicalement assistée) et à la GPA (gestation pour autrui) ».
Après le vote, la droite a poursuivi son harcèlement sur la suite des articles, Gérard Longuet et Philippe Bas ne cessant d’intervenir longuement. L’ancien ministre de la Défense a même demandé la suppression d’un couplet de la Marseillaise car « hétérosexuel et qui défend l’altérité ».
La gauche sénatoriale a limité au maximum ses interventions pour ne pas rallonger les débats. « Ne tombez pas dans la provocation » a intimé à ses troupes le patron des sénateurs PS, François Rebsamen.
« Personne n’a le droit de considérer qu’une catégorie de la population, du fait de son orientation sexuelle, serait supposée a priori avoir une mauvaise parentalité », a protesté Marie-Christine Blandin (EELV).
« Je n’ai cessé d’entendre, sur les bancs de droite, que la gauche voulait casser la famille, martyriser les enfants, remettre en cause la civilisation. Comment voulez-vous que le dialogue se noue quand vous adoptez de telles postures politiques? » a lancé Alain Bertrand (RDSE).
L’article 1 a été voté « conforme » c’est-à-dire sans modification par rapport au texte adopté en première lecture par l’Assemblée nationale. Ce vote est donc définitif sauf en cas de rejet de l’ensemble du texte par le Sénat. L’article ne sera pas soumis à une deuxième lecture à l’Assemblée nationale ni en CMP (commission mixte paritaire).
(Source AFP)