Alors que le synode sur la famille pose la question du regard de l’Eglise sur les personnes homosexuelles, aucun des textes du Magistère ne parle expressément d’« amour homosexuel ».
Quel regard poser sur les couples homosexuels ? La question, lors du premier acte du Synode de l’an dernier, avait soulevé de très vifs débats. En cause cette phrase, figurant dans un texte intermédiaire étudié par les pères synodaux : « Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires. » En clair, distinguer des « aspects positifs » chez les couples homosexuels. Si cette phrase ne figure plus dans le rapport final, il n’en reste pas moins que les voix sont loin d’être monocordes sur ce thème, alors que, pour l’Église, les actes homosexuels demeurent « intrinsèquement désordonnés » (CEC § 2357).
Néanmoins, l’amour homosexuel a-t-il une valeur pour Dieu ? Aucun des textes du Magistère ne parle expressément d’« amour homosexuel ». « En revanche, cette expression apparaît chez beaucoup d’évêques lorsqu’ils évoquent les accompagnements par certains prêtres de couples homosexuels », précise le P. Laurent Lemoine, professeur de théologie morale à l’Université catholique de l’Ouest, à Angers.
Ce dominicain rechigne à employer l’expression « amour homosexuel ». « Pourquoi y aurait-il un amour typiquement homosexuel ? Pourquoi chercher à qualifier cet amour ?, interroge-t-il. Cela ne se tient pas, ni psychologiquement, ni psychiquement. Il n’y a pas, d’un côté, l’amour hétérosexuel, et de l’autre l’amour homosexuel. »
Ce moraliste estime qu’il n’est pas besoin d’établir cette distinction pour reconnaître les valeurs de l’amour entre deux personnes homosexuelles. « Il est évident qu’une telle relation a du prix aux yeux de Dieu. Si des éléments de charité sont présents, la relation a forcément des valeurs devant Dieu, comme le disait le moraliste Marc Oraison. »
« Toute la question est de savoir s’il s’agit vraiment d’amour », répond pour sa part le moraliste Xavier Lacroix, professeur émérite de philosophie et de théologie morale à l’Université catholique de Lyon. Il invite à différencier clairement « désir » et « amour ». « Le désir peut conduire à l’amour, mais ce n’est pas toujours le cas. Pour que cela se fasse, il faut parvenir à aimer la différence de l’autre, ce qui est moins évident dans une relation homosexuelle que (dans une relation) hétérosexuelle. » C’est pour cela qu’il affirme qu’amour homosexuel et hétérosexuel ne sont pas équivalents. « Mais si cet amour existe, il a forcément de la valeur aux yeux de Dieu. »