« Ce n’est pas comme le (groupe) Etat islamique qui poursuit les homosexuels en les tuant. L’Eglise catholique ne tue pas les gens, mais elle les tue psychologiquement », avait-il affirmait dans une interview à l’AFP. « Elle les tue avec sa position rétrograde, avec son rejet, son mépris, et ses prêches permanents contre les homosexuels. »
Ainsi, après avoir « scandalisé » le Vatican en révélant publiquement son homosexualité dans le but de dénoncer « l’exaspérante homophobie ambiante » au sein de l’Eglise, s’il est depuis démis de ses fonctions, Krzysztof Charamsa ne lâche rien !
Il vient de dévoiler son « Nouveau manifeste de libération gay », « un appel à l’Eglise catholique », dit-il, pour réclamer au Vatican « l’annulation des documents de l’Eglise hostiles aux homosexuels notamment, une révision de son interprétation des textes bibliques sur le propos, et autoriser l’ordination de prêtres », peu importe leur orientation sexuelle. Il exige également des excuses du Vatican « pour ses omissions et ses silences, ses persécutions et ses crimes contre les homosexuels au cours des siècles » et d’éviter de critiquer le mariage entre personnes du même sexe, alors que, par ailleurs, elle s’abstient de condamner la criminalisation de l’homosexualité dans certains pays : « Tant qu’elle ne rejette pas, ne condamne pas ouvertement cette pénalisation, elle est complice de la terreur anti-homosexuelle », juge Krzysztof Charamsa.
Actuellement, la doctrine catholique considère l’activité homosexuelle comme « désordonnée » et « contraire à la Sagesse créatrice de Dieu ». « Ces textes doivent être jugés comme idéologiques. C’est comme dire que la Terre est plate et immobile. Ils sont plus proches des positions du fondamentalisme islamique que de la raison. »
Selon le prélat, la position de l’Eglise concernant l’homosexualité se fonde sur de courts passage de la Bible qui doivent être compris « dans le contexte historique et culturel de leur écriture ». « Il y a plusieurs siècles, on utilisait la Bible pour défendre l’esclavage », rappelle-t-il.
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Le nouveau manifeste de libération gay – Vatican 3 octobre 2015 –
1. Abandon de l’homophobie et de la discrimination des personnes homosexuelles.
Nous exigeons de l’Eglise Catholique qu’elle abandonne l’attitude, la mentalité et le langage homophobe de haine et de mépris, la marginalisation, la stigmatisation et l’exclusion des personnes LGBTI. Nous exigeons aussi qu’elle arrête sa discrimination et la persécution cachée dans et hors ses murs.
2. Condamnation de la pénalisation des personnes pour leur condition homosexuelle et des thérapies correctives.
Nous exigeons que l’église s’exprime clairement et sans équivoque contre la pénalisation, contre la peine de mort et de prison, contre la persécution avec des actes de violence, contre n’importe quelle discrimination à cause de l’orientation sexuelle et contre la thérapie ou “conversion” des personnes appartenant aux minorités sexuelles.
3. Pas d’interférence de l’Eglise pour la reconnaissance des droits des homosexuels de la part d’états démocratiques.
Nous exigeons que l’Eglise revoie, atténue et équilibre son attitude devant les états, les nations et les peuples qui essaient de garantir les droits des personnes gays, ainsi que leur droit à l’amour et au mariage. L’Eglise doit respecter l’autonomie états civils dans la gestion du bien commun de tous, pas seulement celui des catholiques.
4. Annulation des documents incompétents et blessants de l’enseignement catholique contre les personnes homosexuelles.
Nous exigeons que le pape révise le catéchisme et annule tous les documents blessants et violents concernant les personnes homosexuelles, notamment les documents de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, héritière d’obscure mémoire de la Sainte Inquisition*.
5. Annulation immédiate de l’instruction discriminatoire concernant la non-admission des personnes homosexuelles au sacerdoce catholique.
Nous exigeons que le pape annule immédiatement l’instruction honteuse concernant la non-admission des personnes homosexuelles pour l’ordination au sacerdoce signée par le pape Benoît XVI en 2005.
6. Ouverture d’une réflexion interdisciplinaire sérieuse sur la moralité de la sexualité humaine.
Nous exigeons que l’Eglise commence une réflexion scientifique sérieuse et impartiale sur la morale de la sexualité. Nous exigeons qu’elle prenne conscience du développement des sciences qu’aujourd’hui elle juge idéologiques : sexologie, médicine, psychologie, psychiatrie, biologie, sociologie, anthropologie, études sur le gender, etc.
7. Révision de l’interprétation ecclésiale des textes bibliques concernant la question homosexuelle.
Nous exigeons que l’Eglise prenne sérieusement l’interprétation de la Bible, qu’elle se libère de fondamentalismes, qu’elle étudie les Écritures, lesquelles ne condamnent pas les personnes homosexuelles, et qu’elle contextualise les textes bibliques qui traitent la question des actes homo-génitaux.
8. Ouverture d’un dialogue œcuménique sérieux avec les frères évangéliques et anglicans sur l’homosexualité.
Nous exigeons que l’Eglise entreprenne un dialogue œcuménique sérieux sur l’homosexualité avec les chrétiens évangéliques, lesquels ont atteint d’importants et sereins progrès dans une maturation ouverte et sincère, lesquels peuvent aider l’Eglise catholique à comprendre la réalité.
9. Nécessité de demander pardon pour les fautes passées et présentes de l’Eglise concernant les personnes homosexuelles.
Nous exigeons que l’Eglise entreprenne le chemin de demande pardon pour ses fautes séculaires, ses omissions et ses silences, ses persécutions et les crimes accomplis contre les personnes homosexuelles tout au long des siècles et qu’elle arrête aujourd’hui d’agir ainsi.
10. Respect des croyants homosexuels et réparation de la proposition ecclésiale inhumaine pour leur vie chrétienne.
Nous exigeons que l’Eglise ouvre ses yeux enfin sur les personnes homosexuelles croyantes, pour lesquelles elle n’a pas le droit de proposer la solution inhumaine de l’abstinence totale d’une vie d’amour, ni d’une saine vie sexuelle. Nous exigeons qu’elle respecte leur nature et leur orientation sexuelle.
* Les documents inacceptables sont :
1. la fausse et arriérée déclaration Personne humana de 1975 (qui parle, entre autre, de “désadaptation sociale” et d’“anomalie” des personnes homosexuelles, et qui offre un panorama fausses de “causes” de l’homosexualité);
2. la blessante Lettre sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles de 1986 (qui recommande la “compassion” pour les homosexuels, “personnes souffrantes” et qui prévoit une discrimination” “juste des homosexuels, en excluant seulement l’“injuste”);
3. les scandaleuses Quelques considérations sur la réponse à des propositions de loi sur la non-discrimination des personnes homosexuelles, de 1992…
4. et l’également répréhensible : Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles de 2003 (l’homosexualité serait “privée d’une vraie complémentarité affective”, tandis que les relations homosexuelles ne seraient pas “humaines”, c’est-à-dire qu’“elles manquent de la forme humaine et ordonnée des relations sexuelles”);
5. le Catéchisme de l’Église Catholique, nn. 2357-2359, qui écrit que non seulement les actes mais l’inclinaison homosexuelle, la tendance ou, nous devrions dire précisément, l’orientation est ”intrinsèquement désordonnée” ; puis ajoute que pour la plus grande partie de nous, notre tendance est une épreuve et une difficulté, demandant compassion de la part des autres, mais qui n’évite pas la juste discrimination: d’où l’Eglise connait-elle notre souffrance et que sait-elle de nos difficultés? Celles-ci naissent seulement de l’homophobie de l’Eglise, non pas de notre orientation sexuelle.
L’enseignement résumé par le catéchisme est blessant, si la description est lacunaire, bien que pas entièrement fausse, l’analyse des situations des expériences des personnes homosexuelles quant à elle est fausse, l’attitude à entreprendre envers elles et la proposition de vie pour les homosexuels est tout à fait injuste. Le catéchisme insiste sur le fait que naturellement il n’existe aucune complémentarité affective pour les personnes homosexuelles avec les personnes qu’elles aiment.
Une pétition pour appuyer l’initiative
>> Pour l’aider dans sa démarche, le Collectif GANYMÈDE, collectif d’entraide et de solidarité LGBTQI-H (http://Collectif-GANYMEDE.org) vous propose de signer ce manifeste et de le diffuser à votre tour. Vos signatures seront remises à Monseigneur CHARAMSA pour appuyer sa démarche.