Deux hommes qui se revendiquaient de l’Eglise évangélique de Cognac, âgés de 71 et 68 ans, comparaissaient ce lundi devant le tribunal correctionnel d’Angoulême pour discrimination à l’encontre des homosexuels. Ils avaient diffusé un tract intitulé « Délivré de l’homosexualité » en avril et mai dernier, lors de la foire de Rouillac et dans les boîtes aux lettres ensuite de nombreux Jarnacais. L’association ADHEOS, représentée par Me Michel Navion, s’était constituée partie civile.
« Provocation à la haine ou à la violence, injures publiques envers un particulier en raison de l’orientation ou identité sexuelle… » selon Stéphanie Veyssière, la procureure, qui lisant le texte où l’homosexualité y est présentée comme une «maladie dont il faut se libérer », n’a pas manqué de lister les infractions. Mais, « un simple témoignage » pour l’un des prévenus, qui a estimé au contraire, que s’il y avait eu « provocation à la haine ou à la discrimination », ce serait à son encontre, pour « ses croyances» notamment : « Ce tract exprime une conviction, mais comme pour les partis politiques, on est montré du doigt pour nos convictions. Il y a encore des progrès à faire dans le domaine de la tolérance ! »
Et de se justifier : « Je ne suis pas homophobe, j’ai même des amis homosexuels. J’aime tout le monde ». La phrase fétiche !
Les deux hommes ne pensaient pas violer la loi, indique charentelibre : « L’homosexualité est une mauvaise chose, un péché qui les prive de la communion avec Dieu. Selon le livre d’Ezéquiel, si j’avertis le « méchant » et qu’il ne change pas sa conduite, il mourra et moi, je sauverai ma vie. Mais si je ne l’avertis pas, je serais responsable… Quelqu’un que je connais m’a même remercié pour ce tract ! »
La procureure a requis 6 mois de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende contre les deux « évangélistes », les condamnant également à la publication dans la presse du jugement.
Réquisitions satisfaisantes pour l’association ADHEOS, qui souligne néanmoins « l’absence d’excuses du pasteur », Johan Del Zotto, qui assure que le tract aurait été distribué sans son accord. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 2 novembre.