Jagdish Grewal, candidat conservateur dans Mississauga-Malton, en banlieue de Toronto, a signé plus tôt cette année dans le journal « Punjabi Post » un éditorial intitulé « Est-ce mal pour un homosexuel de vouloir devenir normal ? », rapporte La Presse Canadienne.
Dans le texte, il fait référence à un projet de loi émanant d’un député néo-démocrate provincial qui a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée législative ontarienne en juin et qui met un terme au financement public des services ayant pour objectif de « changer ou d’influencer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’un patient ».
« Si un parent a le droit d’établir des lignes directrices pour ses enfants sur le plan de l’éducation, de la carrière et de la santé, pourquoi n’a-t-il pas le droit de vouloir renforcer l’hétérosexualité naturelle de sa progéniture? » s’interroge le candidat dans son éditorial.
En entrevue mardi, Jagdish Grewal a déclaré que son but était d’informer les lecteurs à propos d’un enjeu ayant déjà fait les manchettes en exposant les points de vue des différents partis politiques provinciaux et des psychologues. Il assure cependant ne plus se souvenir des noms des psychologues mentionnés dans son texte. Il cite néanmoins l’Alliance for Therapeutic Choice and Scientific Integrity, un groupe américain qui propose des thérapies aux personnes souffrant « d’attirances homosexuelles non désirées ».
« Oui, il y a des enfants qui ont des tendances, qui ressentent certaines attirances, a reconnu M. Grewal. Mais si un enfant confie à ses parents qu’il veut abandonner ce mode de vie, alors ces derniers devraient avoir le droit de le ramener sur le chemin de l’hétérosexualité. »
Le texte du candidat conservateur n’évoque pas les critiques formulées par les professionnels de la santé relativement à ces thérapies « réparatrices » ou « de conversion ». L’avis de la Société canadienne de pédiatrie en ce qui a trait à l’orientation sexuelle des adolescents stipule que ce type de traitement ne devrait pas être administré parce qu’il ne fonctionne pas et parce qu’il peut accroître les sentiments de culpabilité et d’angoisse.
Le Parti conservateur a réagi en soirée en indiquant que ces écrits ne reflétaient pas sa position et que Grewal n’était désormais plus candidat à l’élection : « Nous croyons que tous les Canadiens – quels que soient leur race, leur religion, leur sexe ou leur orientation sexuelle – méritent d’être traités avec respect et dignité ».
Le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario a accordé son soutien au projet de loi contre ces thérapies.
Le principal adversaire de M. Grewal est le libéral Navdeep Bains, un ancien député qui agit aussi comme organisateur pour le Parti libéral à Toronto.
Un dépliant récemment distribué dans la circonscription et portant la mention « Autorisé par l’agent électoral de Jagdish Grewal » en petits caractères comprend une photo du leader libéral, Justin Trudeau, et de la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, prise durant le défilé de la fierté gaie de Toronto. Le titre : « Est-ce que cela correspond aux priorités de votre famille? »
Certaines communautés culturelles se sont opposées au nouveau programme d’éducation sexuelle mis de l’avant par le gouvernement ontarien, qui traite notamment d’orientation sexuelle, d’identité de genre et d’homophobie.
Jagdish Grewal a révélé avoir reçu beaucoup de plaintes de la part d’électeurs musulmans, sikhs et hindous choqués par ce programme, soutenant que c’était le principal sujet de discussion lorsqu’il faisait du porte-à-porte.
M. Bains n’était pas d’accord, faisant valoir que la population comprenait qu’un député fédéral n’avait pas le pouvoir de réformer un programme éducatif provincial.
« Le taux de chômage est élevé, plus élevé que la moyenne nationale, le taux de chômage chez les jeunes est élevé et les gens sont inquiets par rapport à l’économie et à leur emploi, a-t-il affirmé à propos des habitants de Mississauga-Malton. Ce sont là les questions qui les préoccupent. »
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a vivement réagi et demandé à Stephen Harper, du chef du Parti conservateur, d’exclure le candidat Grewal, pour « ses propos homophobes inacceptables » : « Tous les Canadiens doivent s’unir pour dénoncer toute forme d’homophobie ».
En photo : Jagdish Grewal aux côtés, Stephen Harper.