Le nombre de dépôts de plaintes concernant les actes homophobes et transphobes, à Paris et en petite couronne, ont explosé cette année, selon les chiffres de la Préfecture de Police de Paris, relayés par le Parisien dans un dossier dédié. 286 cas dénoncés sur les huit premiers mois de 2021, contre 441 sur la même période en 2022. Une augmentation de +55%. Et tous les « quartiers » sont exposés.
+40% à Paris, qui enregistre le plus grand nombre (279 en 2022 contre 199 en 2021), +91% dans les Hauts-de-Seine, +116% dans le Val-de-Marne et +7% en Seine-Saint-Denis.
Sachant également que plus de 80% des victimes de violences physiques, surtout les plus de 25 ans, ne le déclarent pas, comme nous le constatons au sein de l’équipe d’écoute de STOP homophobie, et plus de 90% pour les injures, jusqu’à 96% selon Flag!, ces chiffres restent bien en dessous des réalités. « Impossible » de les quantifier. Et ce n’est que le début, précise Michael Bucheron, l’officier de liaison LGBT+ à la Préfecture de Police.
« Car la justice est lente et peu formée sur ces questions », insiste Terrence Khatchadourian, secrétaire général de STOP homophobie. « Nous avons lancé plusieurs dizaines de procédures, par avocats et déposées sur les bureaux même des procureurs, partout en France. Depuis, c’est toujours le silence. Et lorsque des années plus tard, on passe en audience, si l’on obtient la qualification d’homophobie ou transphobie, les sanctions sont dérisoires. Mais au moins, avec Michael Bucheron, il y a un suivi. »
Des agressions qui prennent aussi, et selon leurs géolocalisations, des formes diverses. Et, outre les menaces, violences physiques et propos, notamment en milieu familial ou professionnel, « il y a les remarques, les gestes, des commentaires sournois sur nos réseaux, les exclusions pour diverses et fausses raisons, impossibles là encore à prouver. Difficile donc d’envisager une plainte, surtout lorsqu’on est jeune et que ça vient de notre entourage », ajoute Matthieu, 17 ans, victime de multiples agressions, dont une récente sur le parvis de la Tour Eiffel. « Un groupe de jeunes nous a incendiés avec mon ami. Comment voulez-vous que je puisse identifier qui que ce soit ? Et est-ce que ça en vaut la peine finalement. Nous aurons évité les coups, c’est déjà ça. »