Jeu d’orgue, défilé solennel à la sortie après une bénédiction du pasteur devant l’autel : les couples homosexuels peuvent maintenant faire bénir leur union lors d’une cérémonie publique dans l’église de Westphalie. Pour le Synode, il s’agit d’«une étape logique».
«En tant qu’Eglise, nous ne pouvons pas refuser une bénédiction aux gens qui vivent une relation stable dans l’amour et la fidélité.»
Le Synode du Land a décidé fin novembre à Bielefeld, et à une large majorité, de permettre la bénédiction des couples homosexuels lors d’un culte public, comme c’est le cas pour un mariage. Jusqu’à présent, les couples de même sexe ne pouvaient recevoir de bénédiction que lors d’un moment de recueillement non public.
Après des années de débat, c’était désormais «une étape logique», a déclaré la présidente Annette Kurschus. Auparavant, les couples homosexuels ne pouvaient être bénis que dans un culte non public. «En tant qu’Eglise, nous ne pouvons pas refuser une bénédiction aux gens qui vivent une relation stable dans l’amour et la fidélité, et qui demandent pour cela la bénédiction de Dieu», explique Annette Kurschus, convaincue. C’est d’ailleurs maintenant un consensus en Westphalie.
Les conditions pour la bénédiction sont que l’union civile ait eu lieu, et qu’un des deux partenaires au moins soit membre de l’Eglise protestante. La bénédiction sera répertoriée dans un registre ecclésiastique propre. Le culte comprendra les éléments typiques d’un mariage, mais ne sera pas identique à une cérémonie de mariage. La direction de l’Eglise est chargée de fournir aux communautés le matériel liturgique spécifique.
Une demi-mesure?
La bénédiction lors d’un culte public est un pas qui est attendu depuis longtemps, juge le pasteur westphalien Thorsten Maruschke, de l’association «homosexuels et Eglise» (HuK). Toutefois, l’Eglise donne ainsi une légitimité à ce qui se faisait déjà depuis longtemps dans la pratique, a dit le responsable spirituel de la communauté de Herzebrock-Clarholz, près de Güterloh. Quand un couple partenarié venait vers des collègues pour demander une bénédiction, elle était généralement donnée lors d’un culte, qui était calqué de près sur la liturgie d’une cérémonie de mariage.
L’association Huk considère donc que le pas de l’Eglise de Westphalie n’est pas suffisant. Thorsten Maruschke fait campagne pour que la liturgie de bénédiction des couples homosexuels soit assimilée à un mariage à part entière. Il a critiqué la mesure qui consiste à répertorier les bénédictions des couples homosexuels dans un registre séparé de celui des mariages des couples hétérosexuels, comme étant une piètre mesure. L’objectif est certes de réduire la discrimination. «Mais alors là, une distinction est encore faite, et il reste une discrimination résiduelle», a déclaré le théologien.
Le pasteur Alfred Menzel de Bielefeld considère lui aussi que les différences avec un mariage ne sont fondées «ni sur le plan théologique ni sur celui du droit civil». Mais il se dit heureux que la question du recueillement pour les couples partenariés ait été revue. Cette inégalité de traitement était un scandale. Si l’Eglise accorde le mariage à des couples homosexuels, aucun mariage n’est désavantagé, a déclaré Alfred Menzel, qui est également engagé dans l’association HuK, et qui selon ses propres dires a été le premier pasteur de Westphalie à vivre officiellement avec son partenaire dans le presbytère.
Les conseils des Eglises de Land sont assez libres
Dans les 20 Eglises protestantes des différentes régions d’Allemagne, les règlements pour la bénédiction des couples homosexuels diffèrent. Bien qu’il existe des cultes spéciaux dans certaines églises régionales, seul un accompagnement du couple est prévu dans d’autres. Le règlement le plus libéral jusqu’à aujourd’hui était celui de l’Eglise protestante de Hesse-Nassau, où la bénédiction de partenaires enregistrés civilement est depuis l’année passée largement assimilée à un mariage, et considérée comme un acte ecclésiastique enregistré par l’administration de l’Eglise.
Dans l’Eglise de Rhénanie, juste au sud du Land de Nord-Westphalie, un «accompagnement spirituel» des couples homosexuels est possible depuis 2000. Cela peut se passer lors de recueillements, dans des groupes de maison, dans des assemblées communautaires ou lors de cultes dominicaux réguliers, a expliqué le porte-parole de l’Eglise, Jens-Peter Iven. Cependant, cela ne doit pas être considéré comme des actes officiels et ne figure donc pas dans les registres de l’Eglise.
Le consensus dans l’Eglise de Westphalie est le fruit d’un long travail
La présidente l’Eglise de Westphalie, Annette Kurschus, refuse la critique selon laquelle l’Eglise du Land aurait pris une décision tardive par rapport à d’autres. Que ce pas franchi dans l’église l’ait été au travers une large acceptation, cela repose sur une étude approfondie du sujet. Un long chemin était nécessaire pour prendre les gens en compte, et les amener s’accorder sur une décision commune, a précisé le chef spirituel des quelque 2,4 millions de chrétiens protestants de Westphalie. Il y a quelques années encore, fait remarquer Annette Kurschus, une telle décision n’aurait juste pas été possible.
Source : laliberte.ch