En Cornouaille, le premier mariage entre personnes du même sexe a été célébré, hier, à Douarnenez, précédant de peu plusieurs autres unions à Penmarc’h. Les positions des deux maires sont aux antipodes.
À Douarnenez, Patrice et Daniel, qui étaient auparavant pacsés, ne souhaitaient pas faire de commentaire sur leur union, célébrée hier après-midi. Ce premier mariage gay à Douarnenez recélait quelques particularités. La première est que la cérémonie a été célébrée par Monique Prévost, précédente maire d’union de la gauche et conseillère municipale d’opposition depuis 2008. La seconde est que ce mariage était placé sous discrète surveillance en raison des craintes de troubles à l’ordre public.
« La loi est la loi »
Ce n’est donc pas le maire, et sénateur UMP depuis 2008, de Douarnenez, Philippe Paul, qui a célébré le mariage, bien qu’il soit venu saluer le couple. Législateur, il a voté « contre la loi sur le mariage pour tous déposée par Christiane Taubira ». Une posture politique puisqu’il reconnaît aussi que « le mariage homosexuel ne me pose pas de problème. Ma position est très simple. Je ne suis pas contre le mariage gay mais c’est la conséquence pour les enfants qui m’interroge et me pose problème », indique-t-il. Célébrer un mariage homosexuel ? « Je suis un parlementaire. Et maintenant que la loi est votée, je ne vais pas m’opposer à la loi », dit-il. Mais ce n’était donc pas lui officiait : « Je connais bien le couple qui va se marier mais les deux hommes ont demandé à Monique Prévost de le faire », précise-t-il. Ce que confirme la précédente maire de Douarnenez : « J’ai été sollicitée car ces deux personnes connaissaient mon engagement antisexiste et antihomophobie ». Des positions qu’elle défend au sein de l’antenne du planning familial qu’elle a fondée à Douarnenez, il y a quatre ans. Se disant « honorée par cette demande », elle rappelle aussi que « depuis que je suis dans l’opposition, j’ai déjà procédé à une vingtaine de mariages par mandat accordé par Philippe Paul ». Tout en estimant que « ce mariage n’avait rien d’exceptionnel en soi », Monique Prévost en reconnaît sa « valeur symbolique ». Elle a aussi, un temps, nourri quelques inquiétudes en raison de la présence, à Douarnenez, d’un citoyen qui s’est fait remarquer, en public, pour ces positions contre le mariage pour tous. Tout comme le maire, Philippe Paul, plusieurs fois interpellé en mairie par ce citoyen, Monique Prévost avait déjà alerté la gendarmerie qui a veillé, hier après-midi, « pour que ce mariage se passe sans problème ».
J. Lazard n’a « aucun problème avec ça »
À Penmarc’h, c’est dans quelques jours que deux femmes vont se marier. C’est Jacqueline Lazard, l’actuelle maire qui officiera. « Je veux faire le premier », assure l’élue. Un choix assumé pour celle qui, lorsqu’elle était députée, avait adopté en première lecture, le 13 octobre 1999, la loi sur le Pacs. « Il y a une quantité de raisons. Je suis favorable à la loi, c’est quelque chose que je défends. Je n’ai aucun problème avec ça », souligne une élue qui considère que « c’est beaucoup d’inquiétude pour pas grand-chose ». À Penmarc’h, ce premier mariage entre personnes de même sexe sera suivi de deux autres. « Et il y a déjà trois autres demandes », ajoute l’élue qui milite aussi pour « le droit à l’indifférence ». Un droit que met en avant également Daniel Couïc, maire de Pont-l’Abbé qui célébrera le mariage entre personnes de même sexe « comme n’importe quel autre mariage. Et si je ne peux pas, on verra quel est l’adjoint qui le célébrera. La loi s’applique et doit bien s’appliquer comme porteuse de beaucoup de tolérance ». Et d’interroger : « Ceux qui sont contre, en dehors de l’idée qu’ils se font de la société, en quoi cela les concerne ? Cela ne change rien à leur mode de vie ». À Plonéour-Lanvern, Michel Canévet explique qu’il n’est « pas favorable » au mariage pour tous mais souligne qu’il est « légaliste ». À ce titre « un élu assurera le mariage sur la commune ».