La vingtième édition de la Belgian Pride qui avait lieu samedi à Bruxelles a attiré quelque 80.000 participants. Et, si son caractère festif ne fait aucun doute, ses organisateurs ont également rappelé la dimension politique de l’évènement, et le fait qu’il s’agit avant tout d’une manifestation contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie.
Et dire qu’il y a 20 ans, la Pride était à peine tolérée. « A cette époque, on était 2.500 personnes, mais surtout des militants, des gens très convaincus, se souvient Chille Deman, président de la Belgian Pride. Il n’y avait personne sur les trottoirs, personne ne venait nous voir ».
« Des choses s’améliorent »
Aujourd’hui, c’est jour de fête, pour ceux qui, juchés sur les chars, ont le sentiment d’avoir remporté la bataille de la reconnaissance. « Des choses changent et s’améliorent, dit un sympathisant. La Belgique est un pays ouvert par rapport à d’autres ».
Discrimination dans le sport, à l’école, au travail
Ben est homosexuel et, accessoirement, joueur de rugby. Il rappelle que l’homophobie est présente dans le sport: « On a eu des arbitres qui ont dit des choses contre nous, mais au rugby, c’est plutôt rare. C’est plus fort dans le foot par exemple ».
Discriminations dans le sport, harcèlement à l’école ou sur le marché de l’emploi. Le combat est toujours d’actualité. « On a les meilleures lois, mais il faut les appliquer », dit Alain De Bruyne, coordinateur de la Belgian Pride.
Une loi sur le mariage en 2003, l’adoption en 2006. La Belgique a adopté un arsenal juridique, mais la justice semble trop éloignée de la réalité.
Trois pour cent des mariages à Bruxelles sont homosexuels
En Région de Bruxelles-Capitale, 118 mariages homosexuels ont été célébrés en 2014 sur un total de 4.096 mariages bruxellois. La proportion des mariages entre deux personnes du même sexe est donc de 2,9 % sur l’ensemble de la Région. Les chiffres restent globalement constants d’année en année. En 2013, 122 mariages homosexuels ont été célébrés sur un total de 4.029. En 2014, la salle des mariages qui a accueilli le plus de couples de même sexe est celle de la Ville de Bruxelles avec 26 mariages. À Watermael-Boitsfort, il n’y a pas eu d’union homosexuelle en 2014, mais un mariage a d’ores et déjà eu lieu en 2015.
Les disparités géographiques sont grandes. Les zones à l’ouest du canal et au nord ont un nombre relativement faible de mariages gays, contrairement à des communes au centre et au sud, telles Bruxelles-Ville, Ixelles ou encore Uccle. En termes de proportions pour 2014, la commune d’Ixelles a le plus gros pourcentage de mariage homosexuel avec 5,2 %. Elle est suivie par Uccle avec 5 % des unions et Ganshoren avec 4,2 %. Viennent ensuite les communes de Saint-Gilles et de Bruxelles-Ville avec 4 %. Plusieurs communes sont en dessous des 2 % de mariages homosexuels célébrés dans leur salle des mariages. Il s’agit d’Evere, Forest, Jette, Koekelberg, Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Josse-ten-Noode, Schaerbeek et Watermael-Boitsfort.
Certaines communes distinguent même dans leurs statistiques les couples lesbiens et gays. « Contrairement à ce qu’on voit au niveau belge, il y a beaucoup plus de mariages entre hommes, commente-t-on au service des mariages de la Ville de Bruxelles. C’est sans doute dû à la présence des institutions européennes. On a beaucoup de mariages de fonctionnaires internationaux, français et italiens notamment. » La même chose se vérifie à Uccle, où six couples de femmes se sont unis en 2013 contre 14 couples d’hommes. En Belgique en général, l’écart n’est que très peu marqué.
avec Emmanuel Dupond