En vidéo : « À mes enfants » ou le quotidien de familles LGBT qui habitent à Montréal

Qui sont-elles? Qu’est-ce qui les distingue des familles avec des parents hétérosexuels? Quel est l’impact de cette situation sur les enfants et leur développement?

Avoir des parents LGBT, ça ne change pas grand-chose. Mis à part l’homophobie et la transphobie qui continuent de leur pourrir l’existence, les familles LGBT sont aussi semblables et uniques que n’importe quelle autre famille.

Aux yeux de la loi, elles le sont depuis environ une douzaine d’années. Le parent non biologique a obtenu une reconnaissance légale de son rôle en 2002 et le mariage entre conjoints du même sexe est célébré depuis 2004. Le documentaire présente d’ailleurs deux organismes qui luttent pour les droits des personnes LGBT par le biais d’actions politiques ou éducatives: la Coalition des familles LGBT et le GRIS.

Au cours des 37 minutes du documentaire, M. Karkour interviewe trois familles: une composée de deux mamans, une de deux papas et une autre d’une personne trans. Cette diversité est à la fois rafraîchissante et essentielle. Par exemple, les décisions et les réactions auxquelles sont confrontés deux hommes désirant un enfant ne sont pas les mêmes que celles d’un couple lesbien. Au-delà des choix concernant la conception du bébé, on constate comment la figure de la mère est indissociable de la définition même de la famille. Le fait de ne pas en avoir à proprement parler demeure inconcevable pour certaines personnes. La scène où l’un des pères homosexuels raconte l’annonce de l’arrivée de son premier enfant à ses parents brise le cœur. La future grand-mère s’était exclamée en pleurant: « Mais cet enfant n’aura pas de mère! »

Ce discours «traditionnel» fait justement des vagues en ce moment de l’autre côté de l’Atlantique. La semaine dernière, Domenico Dolce, la moitié du duo de designers Dolce & Gabbana, confiait en entrevue au magazine italien Panorama qu’un enfant devait être né de «l’acte d’amour» d’un père et d’une mère, et que la procréation assistée créait des «enfants synthétiques». Des propos qui ont choqué Elton John qui les a qualifiés «d’archaïques» et a appelé au boycottage de la marque. «La fécondation in vitro a permis à des légions de personnes remplies d’amour, aussi bien hétéros que gaies, de réaliser leur rêve d’avoir des enfants », a écrit le chanteur sur Instagram. Indeed, sir Elton.

Et nous pourrions ajouter que ça a permis «à leurs enfants de se développer tout à fait normalement». Le documentaire aborde brièvement les recherches de Danielle Julien, professeure de psychologie à l’UQAM, qui s’intéresse à la parentalité des familles homosexuelles. Est-ce que les enfants ont de la difficulté à identifier leur genre ou leur sexe? Est-ce que les garçons deviennent efféminés ou les filles tomboy? Ont-ils des problèmes d’adaptation ou de comportement à l’école? « À l’ensemble de ces questions, la réponse a toujours été non », affirme Mme Julien sans équivoque.

En fait, la différence se situerait surtout au niveau des rôles de genre (une fille agit comme-ci, un garçon agit comme ça) et de la découverte de la sexualité. Les enfants qui ont des parents LGBT semblent avoir une plus grande ouverture ou être moins influencés par les stéréotypes de genre. Lorsque vient le temps de choisir des jouets, ils sont tout aussi attirés par les jouets de filles, que par les jouets de gars ou neutres.

Et pendant l’adolescence, ils expérimentent davantage avec des personnes du même sexe que leurs amis issus des familles hétéroparentales. Intéressant, non?

Marianne Prairie