Le jeune homme a été adopté par Michel, maire d’un petit village du sud-ouest, et Jean-Michel, conservateur de musée. Il en a assez d’entendre « des psys parler du bien-être de l’enfant » et a décidé de témoigner.
C’était il y a quelques semaines. Pendant le cours de droit public, la professeure de droit public évoquait l’actualité : le mariage gay et l’adoption homoparentale. Et entamait un plaidoyer expliquant les raisons pour lesquelles elle y était fermement opposée. Mickaël s’est alors levé devant tous les élèves.
« J’ai démonté tous ses arguments. Et je lui ai expliqué que j’avais été élevé et adopté par deux papas et que j’allais très bien, pas de problème. Elle était sciée ».
« Comme s’ils savaient quoi que ce soit sur ma famille ! »
Quelquefois, Mickaël a de furieuses envies de couper la télé, quand le débat sur le mariage gay revient sur le tapis : « J’en ai un peu assez d’entendre des psys et tous ces soi-disant experts parler du bien être de l’enfant. Comme s’ils savaient quoi que ce soit sur ma famille ! »
Mickaël a été adopté tout petit par ses deux papas. Et pour lui, c’est aussi simple que cela.
« Tout le monde nous connait, dans le village. Et il n’y a jamais eu de problème. Je n’ai jamais été discriminé, jamais exclu, jamais rejeté. Tous les ans, mes pères fêtaient mon anniversaire à la maison, et tous les copains venaient. Moi-même j’étais invité, j’étais très entouré. Avoir deux papas ne m’a jamais vraiment posé de question, à la limite, j’avais beaucoup plus de mal à comprendre le fait que j’avais la peau noire, et eux une peau blanche ».
« Un garçon m’a traité de fils de… »
Une seule fois, il se rappelle d’une vilaine dispute, au collège. « Un garçon m’a insulté. Il m’a traité de fils de… Enfin vous comprenez. » Encore aujourd’hui, Mickaël n’aime pas redire le mot, ce sale mot « pédé », qui l’avait tant heurté. L’agresseur a été exclu trois jours. « Ce mot, oui, ça m’a attristé. Mais cela ne m’a jamais remis en doute sur qui j’étais, moi. » Mickaël veut devenir avocat. Le droit le passionne. « Mais j’aimerais que le droit s’applique pour tous. Pour Jean-Michel, par exemple. Il n’est pas sur mes papiers, il n’a aucun droit sur moi, alors qu’il m’a élevé, aimé : est ce que ce n’est pas la pire des injustices ? «