En juin 2016, malgré l’émotion planétaire suscitée par la tuerie homophobe d’Orlando, la pire sur le sol américain depuis les événements du 11 septembre 2001, l’instance dirigeante du football européenne (UEFA), organisatrice de l’Euro en France, condamnait mais jugeait « irréaliste » de rendre hommage aux 49 victimes : des tragédies « se déroulent presque quotidiennement partout dans le monde » et celle-ci « n’est pas directement liée au football, à l’une des équipes participantes ou au pays organisateur. » Une minute de silence avait pourtant été respectée après les attentats notamment parisiens du 13 novembre 2015 ou encore pour les victimes des attaques perpétrées à Bruxelles en 2016.
La planète était rivée sur l’événement, quelle opportunité : Le milieu du ballon rond trop ouvertement machiste et homophobe ?
Le fléau est concret ! Lanceur d’alertes, le Collectif Rouge Direct, (par les militants du Paris Foot Gay), n’a d’ailleurs pas cessé de dénoncer ces derniers mois l’indolence des instances officielles censées agir. Et les dérapages au sein des fédérations ou chez les supporters se multiplient. Dans les stades, comme dans les vestiaires.
Les internationaux danois viennent encore de les condamner et lancent une campagne d’envergure pour lutter contre cette haine anti-LGBT qui pollue le sport. Tandis que le président de la Fédération anglaise, Greg Clarke, a plaidé pour un « coming-out collectif », afin de briser l’omerta, sans que personne n’est à en assumer seul les conséquences.
Les dirigeants sont donc bien conscients des violences que pourraient susciter ces révélations. Souvent, les homophobes qui nous harcèlent sur les réseaux notamment, sont effectivement fans de foot.
Si ce n’est le français Olivier Rouyer en 2008 ou le suédois Anton Hysén en 2011 et l’américain Robbie Rogers en 2013, officiellement, les joueurs sont donc tous hétéros. Tous sans exception ! Dans la seule Europe « tolérante » : pas un seul LGBT « out ». Dans la réalité, les choses sont évidemment différentes.
Des journalistes nous ont interrogés et Europe 1 a décidé de se pencher sur la question : Pourquoi l’homophobie sévit autant dans le monde du Foot, plus que dans aucun autre milieu sportif ? Pourquoi les joueurs concernés ne portent-ils pas le flambeau ?
Le premier a l’avoir fait, alors qu’il était encore professionnel, en 1990, le britannique Justin Fashanu, ne s’en est jamais remis. Il s’est suicidé huit ans après ses révélations, accablé par le rejet massif de ses pairs et une intense campagne homophobe.
L’international allemand Thomas Hitzlsperger s’en est sorti plus sereinement en 2014, juste après avoir pris sa retraite. L’année suivante, le Daily Mirror annonçait « en exclusivité » que « deux joueurs de Premier League s’apprêteraient à révéler leur homosexualité ». Puis plus rien !
Jesus Tomillero, 21 ans, premier arbitre espagnol à avoir affirmé ouvertement son homosexualité, a été contraint ensuite de mettre un terme à ses activités. Harcelé jusqu’aux menaces de mort, il accuse lui aussi les instances sportives, qui plutôt que de le soutenir, ont brandi des sanctions pour le dissuader de rendre l’affaire publique..
Alors, pourquoi tant de frilosité à être « fiers de nos différences »? Il ne suffit pas de le prôner sur les slogans ou en arborant des brassards et lacets arc-en-ciel.
Vos avis sont souhaités. Et, si vous évoluez au sein d’un club de quartier ou d’une équipe professionnelle et que vous avez subi d’une manière ou d’une autre l’homophobie de vos coéquipiers, entraineurs ou supporters, votre témoignage tout aussi précieux.
Vous pouvez nous contacter ou joindre directement le journaliste (julien.pearce@europe1.fr) qui enquête, avec l’assurance d’une discrétion absolue. Le sujet sera traité à la radio (pas d’image).