Le très sérieux CEVIPOF, « laboratoire de référence pour l’étude des attitudes politiques et l’analyse du comportement électoral », publie ce mercredi une étude intitulée « Orientation sexuelle et action publique : les bénéficiaires du mariage pour tous votent-ils plus à gauche ? ». Selon cette enquête, réalisée à partir des comportements électoraux déclarés lors des régionales de décembre 2015, si les couples hétérosexuels ont placé en tête du scrutin les listes de la droite et du centre, les mariés de même sexe ont voté à 32,5% pour le FN. Le PS arrive en troisième position avec 25,9%.
Une surprise pour l’auteur de l’analyse que cette inclinaison Frontiste plutôt significative pour agréger vote gay et vote des « parties les plus homophobes de l’électorat français qui le soutiennent depuis le milieu des années 80 », qu’il justifie partiellement par le fait que « les répondants étudiés appartenant à des couples homosexuels sont plus souvent masculins » et que « de nombreuses études ont montré que le vote frontiste est supérieur parmi les hommes ». Mais ce n’est qu’une partie de l’explication, puisque les hommes gays mariés votent plus FN que les hommes hétéros mariés, et inversement pour les femmes.
Des résultats qui sont donc loin de soutenir l’hypothèse d’un soutien électoral massif pour le PS « singulièrement limitée ou érodée » parmi les bénéficiaires du mariage pour tous, que la droite présentée pourtant comme une « mesure clientéliste ».
Autre facteur qui peut jouer dans le cas du Front National : « la présence avérée » de gays à la direction du parti, d’où le ralliement spectaculaire de certains activistes homosexuels, ou encore la « discrétion » de Marine Le Pen, lors des débats notamment et manifestations contre le mariage pour tous.
Les Républicains sont ceux qui perdent le plus : de 30,3% des voix chez les couples mariés hétérosexuels, ils tombent à 26,7% chez les conjoints homosexuels. Une conséquence possible de l’opposition farouche de certains élus à la loi Taubira sur le mariage, divisés entre les partisans d’une « réécriture » et ceux qui souhaitent son « abrogation ».
Au final, « l’orientation sexuelle » n’aurait statistiquement d’effet significatif que dans un seul cas. « À agglomération de résidence, âge, éducation et revenu par unité de consommation égaux, les répondants d’un couple homosexuel ont des chances plus élevées de voter PS, lorsque l’effet du genre du répondant est contrôlé. » En moyenne, les répondants des couples homosexuels ont une probabilité de voter PS supérieure de 5%.
« Un signe de succès du mariage pour tous », estime l’auteur, dans le sens où « la normalisation des couples homosexuels » est désormais avérée, politiquement parlant.
Cette enquête a été réalisée entre le 16 décembre 2015 et le 3 janvier 2016 auprès de 21 385 personnes interrogées selon la méthode des quotas.