En 2019, 71 pays pénalisent encore l’homosexualité et pour 8 d’entre eux, c’est la peine de mort. Partout ailleurs, sur la planète, les personnes de même sexe qui s’aiment, subissent menaces, intimidations et agressions. Même en France, pays qui a pourtant adopté le mariage pour tous en 2013, l’homophobie persiste.
1026 agressions homophobes et « transphobes » recensées en 2017 par le ministère de l’Intérieur, dont 262 agressions physiques. Soit une toutes les trente-trois heures. Et, sur les neuf premiers mois de 2018, les plaintes ont crû de 15%.
Les équipes du magazine ont ainsi rencontré Lyes Alouane, 24 ans, originaire de Gennevilliers, en banlieue parisienne. Insultes, crachats, coups, menaces de mort… Il a subi 23 agressions en un an et milite depuis au sein de STOP homophobie.
Les journalistes ont également enquêté dans de nombreux autres pays, notamment en Tunisie, où les homosexuels risquent jusque trois ans de prison. Régulièrement, quand ils sont arrêtés par la police, ils subissent le « test anal », pour déceler des signes de relations sexuelles, des « preuves » d’homosexualité. L’« examen » est humiliant et n’a aucune valeur scientifique, comme en témoigne un médecin légiste dans le reportage. Et depuis 2014, les Nations unies considèrent la pratique comme un acte de torture, punissable. Il représente une violation de l’intégrité physique de la personne et de la dignité humaine.
Skander a été contraint de subir ce test, qui ne prouve rien mais l’a néanmoins mené en prison. Depuis, le jeune homme de 20 ans vit caché et s’apprête à fuir son pays. Un voyage sans retour possible avec l’espoir de pouvoir ailleurs « vivre et aimer librement ».
Selon l’association LGBT tunisienne Shams, 127 homosexuels auraient été arrêtés en 2018.
En Afrique subsaharienne aussi, l’homosexualité est réprimée. 27 pays sur 49 condamnent pénalement les relations entre personnes du même sexe. En Ouganda, l’un des Etats les plus répressifs en la matière, les homosexuels risquent la prison à perpétuité. On les appelle « les demi-morts », parce que là encore ils sont obligés de vivre cachés, protégés derrière de hauts murs bardés de caméras pour éviter les attaques. Une homophobie encouragée par l’Etat, dont le bras armé est Simon Lokodo, ministre de l’Ethique et de l’Intégrité, qui veut mettre tous les homosexuels en prison, pour « qu’ils ne fassent de mal ni aux autres ni eux-même ».
Aux Etats-Unis, l’homosexualité est légale mais encore très mal acceptée sur une large partie du territoire. 700.000 Américains ont d’ailleurs eu recours à des thérapies de conversion pour modifier leur orientation sexuelle. Des thérapies souvent destructrices sur le plan psychologique. Un membre de l’équipe de tournage s’est fait passer pour un « candidat », et a réussi à infiltrer un de ces stages, où les organisateurs assurent transformer en hétérosexuel tout homosexuel. Au programme : lavages de cerveau, séances de punching-ball, embrassades…
Ce reportage est signé par la journaliste française Michaelle Gagnet, également réalisatrice du documentaire « Sexe et amour au Maghreb » et auteure de « L’amour interdit ».
« On peut penser que ce film s’adresse a une minorité, mais le sujet nous concerne toutes et tous. C’est un combat pour les droits humains, l’égalité. Il a fallu malheureusement faire des choix. Mais si le tableau est assez noir, puisqu’on montre des choses qui ne vont pas, des lois liberticides, des mentalités rétrogrades, notons que les sociétés civiles sont de plus en plus actives, les pays dépénalisent, on avance… »
——