Alors que le Canada s’apprêterait à les interdire, une nouvelle étude, publiée ce 3 juin 2021 dans la revue scientifique PLOS ONE, confirme une prévalence des pratiques de « thérapie » de conversion dans le pays, mais leur exposition « inégale », « dans les groupes définis par l’âge, l’identité de genre, l’immigration et l’ethnicité ».
Ainsi, 10 % des canadiens s’identifiant en tant que GBT2Q (gays, bisexuels, trans, queer, bispirituelles et non binaires) en ont été victimes. 72 % d’entre-eux avant l’âge de 20 ans dont 13 %, entre 15 et 19 ans. 67 % l’évoque dans un cadre religieux ou confessionnel et 20 %, dans des bureaux de prestataires de soins de santé pourtant agréés. 24 % en aurait également subies pendant au moins un an, 31 % pour plus de cinq séances.
Ces conclusions, relayées dans la presse canadienne, proviennent des données recueillies dans le cadre de l’édition 2019 du sondage « Sexe au présent », sur la santé physique et mentale des communautés GBT2Q, menée entre novembre 2019 et février 2020 par le Centre de recherche communautaire (CBRC), auprès de 9 214 participants. L’étude incluait des questions spécifiques sur les expériences de thérapie de conversion.
« Ces résultats peuvent être utilisés pour tenir les élus et les décideurs politiques responsables de l’équité pour les personnes LGBT2Q au Canada », a expliqué Travis Salway, professeur adjoint à l’Université Simon Fraser et chercheur principal de cette étude.
Le gouvernement Trudeau a déposé en 2020 un projet de loi, C-6, pour interdire ces pratiques, discréditées par de nombreux organismes professionnels médicaux et psychologiques et bannies de nombreuses juridictions. La mesure est toujours en attente d’un vote final par la Chambre des communes.
Mais, au-delà des interdictions, le CBRC recommande que le Canada investisse dans des stratégies éducatives, qui valorisent notamment la vie et l’identité des jeunes LGBT2Q, ainsi que dans des réformes institutionnelles (en particulier dans les milieux religieux et de soins de santé). Selon ce sondage, « nous estimons que plus de 50 000 Canadiens ont subi une thérapie de conversion. Ces personnes méritent des soutiens affirmatifs pour leur permettre de se rétablir. »