En 2024, les droits des personnes LGBTQIA+ continuent de progresser dans de nombreuses régions du monde, mais ces avancées restent inégales et parfois fragiles. Tandis que certains pays renforcent la protection de ces droits fondamentaux, d’autres, en particulier dans les régions conservatrices, durcissent leur répression contre les minorités sexuelles et de genre.
Une scène mondiale fragmentée
À l’échelle internationale, des évolutions significatives ont marqué l’année. Environ 35 pays reconnaissent désormais le mariage pour tous, notamment le Népal, qui a légalisé cette union en 2023, et le Chili, où la loi adoptée en 2022 est entrée en vigueur l’année suivante. Cette avancée s’accompagne de la légalisation de l’adoption pour les couples de même sexe dans une vingtaine de pays, parmi lesquels le Costa Rica, qui a franchi cette étape historique en 2024, devenant ainsi un pionnier en Amérique centrale.
Dans certains pays d’Asie et d’Afrique, les protections contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre se renforcent. L’Inde, après avoir dépénalisé l’homosexualité en 2018, a adopté une loi sur les droits des personnes transgenres en 2024, facilitant le changement de genre à l’état civil et offrant une meilleure protection juridique. Cependant, l’application effective de cette loi reste limitée, freinée par des résistances sociales et administratives.
En revanche, la criminalisation de l’homosexualité demeure une réalité dans plus de 65 pays. Dans des nations comme l’Iran, la Mauritanie et certaines régions du Nigeria, l’homosexualité est toujours passible de la peine de mort ou de peines de prison à vie. Cette répression brutale illustre l’écart immense entre les pays qui progressent vers l’inclusion et ceux qui continuent à nier les droits fondamentaux des personnes LGBTQIA+.
Les personnes transgenres, en particulier, font face à des défis spécifiques. Si des pays comme l’Argentine et l’Espagne permettent le changement de genre à l’état civil sans intervention médicale préalable, la violence physique et psychologique envers les personnes trans reste préoccupante. En Ouganda, par exemple, une loi adoptée en 2023 a encore durci les sanctions contre les actes homosexuels, consolidant la place de ce pays parmi les plus répressifs du continent africain.
Une Europe en demi-teinte
En Europe, les droits des personnes LGBTQIA+ avancent, mais à des rythmes variables selon les pays. Les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne et le Portugal demeurent des modèles d’inclusion, tandis que des nations comme la Pologne et la Hongrie continuent de s’opposer à la reconnaissance de ces droits.
Si le mariage pour tous est désormais reconnu dans toute l’Union européenne, l’application des lois antidiscrimination reste inégale. En Slovénie, par exemple, malgré la légalité du mariage pour tous, la discrimination et les violences contre les personnes LGBTQIA+ restent élevées, notamment dans le cadre professionnel. Amnesty International a récemment critiqué ce pays pour des failles dans la protection de ces populations.
La Russie, quant à elle, a intensifié sa répression en 2024. Après des lois anti-LGBT adoptées en 2013, interdisant toute « propagande LGBT », le gouvernement a classé cette année les personnes LGBTQIA+ et leurs organisations comme « terroristes et extrémistes ». Cette désignation permet aux autorités d’employer des mesures draconiennes contre ces individus et associations, aggravant leur marginalisation.
En Europe de l’Est, d’autres pays, comme la Serbie, peinent à embrasser des réformes. Bien que la Pride Parade de Belgrade ait eu lieu en 2024, elle a été marquée par des affrontements avec les forces de l’ordre, témoignant d’un climat toujours tendu.
En France : des progrès, mais des défis persistants
En France, les droits des personnes LGBTQIA+ ont connu des avancées majeures, notamment avec la légalisation du mariage pour tous en 2013 et la simplification des démarches pour les personnes transgenres. Ces dernières peuvent désormais modifier leur genre à l’état civil sans avoir à subir d’intervention chirurgicale.
Cependant, les discriminations et violences restent préoccupantes. En 2023, 4 560 infractions à caractère homophobe ou transphobe ont été enregistrées, soit une augmentation de 19 % par rapport à 2022. Ces infractions incluent des injures, des agressions et des menaces, mais aussi du harcèlement scolaire, qui demeure un fléau pour les jeunes LGBTQIA+. Bien que des actions de sensibilisation soient entreprises dans les écoles, elles ne sont pas encore généralisées.
Par ailleurs, selon une enquête Ipsos, environ 10 % de la population française s’identifie comme LGBTQIA+ en 2024, un chiffre qui illustre une visibilité croissante, mais qui s’accompagne de défis liés à l’acceptation sociale.
Des perspectives pour l’égalité
Malgré les progrès, la lutte pour l’égalité est loin d’être achevée. Les discours de haine, alimentés par certains courants politiques et sociaux, demeurent une menace en France et ailleurs. Des initiatives pour combattre la haine en ligne et promouvoir une éducation à la diversité sexuelle et de genre sont essentielles pour éviter des régressions.
À l’échelle mondiale, la dépénalisation de l’homosexualité et la reconnaissance des droits des personnes trans restent des objectifs cruciaux. Si l’Europe mène la charge pour ces réformes, des résistances internes subsistent. Dans d’autres régions, comme l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, la route vers l’égalité s’annonce encore longue, nécessitant des efforts concertés sur plusieurs décennies.
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Les événements 2024
Le 1er janvier, le mariage entre personnes de même sexe est devenu légal en Estonie, faisant du pays le premier d’Europe centrale à adopter cette reconnaissance.
Le Parlement grec a adopté le 15 février une loi légalisant le mariage entre personnes de même sexe
Le 22 mars, l’Australie (Nouvelle-Galles du Sud) a adopté une loi interdisant les thérapies de conversion, incluant celles pratiquées en dehors de l’État.
Le 27 mars, la Chambre des représentants de la Thaïlande a adopté en première lecture un projet de loi sur le mariage pour tous.
Le 12 avril, le Parlement allemand a simplifié les procédures pour changer de nom et d’identité de genre, facilitant la reconnaissance des personnes transgenres.
Le 17 avril, la Suède a abaissé de 18 à 16 ans l’âge minimum pour changer de genre.
Le 23 avril, la Haute Cour de Dominique a décriminalisé les actes homosexuels, marquant une étape importante pour les droits LGBTQIA+ dans les Caraïbes.
Le 1er mai, l’Église Méthodiste Unie a autorisé les mariages entre personnes de même sexe et levé son interdiction du clergé homosexuel.
Le 16 mai, le Parlement du Liechtenstein a abrogé l’interdiction du mariage pour tous, avec une mise en œuvre prévue dès 2025.
Le 18 juin, le projet de loi sur le mariage pour tous a été approuvé par le Sénat thaïlandais.
Le 21 juin, la Haute Cour de Namibie a décriminalisé les relations homosexuelles, une avancée significative en Afrique.
Le 1er juillet, le Danemark a ouvert les dons de sang par les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Le 12 juillet, la Cour suprême des Pays-Bas a étendu la reconnaissance du mariage pour tous à Aruba et Curaçao.
Le 28 août, en Inde, une directive ministérielle a permis aux couples de même sexe d’ouvrir des comptes bancaires conjoints et de nommer leurs partenaires comme bénéficiaires.
Le 24 septembre, Rama X, le roi de Thaïlande, a promulgué la loi sur le mariage pour tous, faisant du pays le premier d’Asie du Sud-Est à reconnaître le mariage égalitaire.
Le 30 novembre, le Honduras a légalisé les dons de sang par les personnes LGBTQIA+, levant une interdiction discriminatoire.