Le journal russe d’opposition Novaya Gazeta a révélé en avril dernier que la Tchétchénie, république musulmane profondément conservatrice, avait appréhendé et torturé des dizaines d’hommes, présumés gays ou bisexuels, dans un effort visant à en purger la société. Plusieurs d’entre-eux seraient d’ailleurs décédés à la suite des sévices endurés.
Les autorités fédérales russes ont d’abord rejeté ces informations, les qualifiant de « rumeurs », et le gouvernement tchétchène, nié jusqu’à l’existence même d’homosexuels dans le pays.
31 rescapés viennent pourtant de trouver refuge au Canada, à Toronto notamment, grâce à un partenariat discret entre une ONG canadienne et le gouvernement d’Ottawa, a annoncé ce 1er septembre « Rainbow Railroad », un organisme fondé en 2006, qui s’est donné pour but d’aider les personnes LGBT à fuir les persécutions perpétrées par des Etats.
« Nous avons travaillé avec le gouvernement canadien à un programme qui a permis l’entrée de Tchétchènes LGBTQ dans le pays », a précisé sur la chaîne publique CBC, Kimahli Powell, directeur exécutif de l’ONG.
Un représentant de l’association a ainsi rencontré en Russie les candidats au départ en leur expliquant le statut d’immigrant que leur offrait le Canada et en détaillant la vie dans ce pays. Ceux qui ont souhaité bénéficier de l’aide canadienne ont ensuite été voir un représentant en immigration pour les vérifications d’identité d’usage. Puis l’ambassade canadienne leur a délivré un permis temporaire. Ils obtiendront sans doute leur statut officiel de réfugié dans quelques mois.
Le Globe and Mail indique que la ministre des affaires étrangères, Chrystia Freeland, qui a été correspondante de presse en Russie, a joué un rôle important dans cette opération. Elle avait condamné en avril les persécutions en Tchétchénie, estimant dans un communiqué que les informations « récentes et continues concernant les persécutions envers les hommes homosexuels et bisexuels en Tchétchénie témoignent d’une situation répréhensible ».
L’initiative avait été gardée secrète, pour ne pas nuire aux victimes et envenimer les relations déjà tendues entre la Russie et le Canada.
M. Powell a également expliqué au Globe avoir décidé de rendre publique l’arrivée des réfugiés tchétchènes, car ceux qui souhaitaient venir au Canada y sont arrivés. « Il faut maintenant s’occuper de leur installation et de leur intégration dans le pays, ce qui nécessite d’en parler. »
Soutien assumé par le premier ministre Justin Trudeau : « Le Canada continuera à défendre les droits et à protéger les personnes vulnérables dans le monde. »