Quatre jeunes âgés de 20 à 22 ans, amis de longue date, comparaissaient ce mercredi devant le tribunal correctionnel d’Evry, indique LeParisien. Ils attiraient leurs victimes par le biais de fausses annonces sur un site de rencontres gay, puis les détroussaient au premier rendez-vous.
Les faits remontent à mars et avril 2014. « Le scénario était bien huilé », constate l’avocate d’une des victimes. Séhia dépose d’abord une annonce sur le site de rencontres Vivastreet. Non de code : « Kevin ». Son annonce : « Black bi TTBM (NDLR : homme noir bisexuel très très bien membré). Cherche homme 40-60 ans. Très respectueux ». Le tout agrémenté d’une photo d’un torse musculeux.
« Les cibles sont des hommes d’un certain âge, avec donc potentiellement plus d’argent et moins aptes à se défendre… », résume le juge.
Malgré le profil des victimes et le mode opératoire, le caractère homophobe n’a pas été retenu lors de l’instruction.
« Des homos, c’était un hasard », clame Séhia, présenté comme le cerveau de l’opération.
« Sur vos six victimes et 17 autres contacts en cours, tous étaient gays, coupe le juge. C’est certainement plus compliqué pour eux de se manifester s’ils sont mariés par ailleurs. » Une des victimes n’a, par exemple, pas déposé plainte pour protéger son couple et ses enfants. Une autre a d’abord évoqué aux enquêteurs « un rendez-vous immobilier ». Toutes ont évoqué un sentiment de honte.
La victime appâtée, Séhia donne ensuite rendez-vous dans une zone pavillonnaire de Paray-Vieille-Poste. Calme et courtois, il monte sur le siège passager puis dirige les victimes vers une impasse. « C’est plus rassurant que dans une cité, j’imagine », constate le juge. Le contact coupé, les complices, en embuscade derrière des buissons, surgissent. Le charmant « Kevin » se transforme.
Les armes sortent. Les menaces fusent : « On va te planter », « On va te foutre à poil », « Sale pédé »… Les agresseurs extorquent les cartes bancaires et les codes, parfois un téléphone, une fois une voiture. A deux reprises, ils séquestrent leur victime pour faire un tour des distributeurs de billets.
« L’idée, c’était de leur voler leurs biens »
Au fil des semaines, les plaintes s’accumulent. Les enquêteurs de la sûreté départementale recoupent les faits. Un policier se fait passer pour une proie potentielle. Il se rend au rendez-vous. L’équipe est interpellée.
« Cela aurait été la dernière victime », jure Séhia. « C’est facile de dire ça », commente, pas dupe, la procureure. Chaque prévenu a une bonne excuse pour justifier ses actes. Armand voulait, par exemple, de l’argent pour passer son permis et « pouvoir travailler ».
Kipre souhaitait, lui, rembourser… les dommages et intérêts d’une précédente agression. « Il va falloir devoir débouter toutes les victimes, sinon on aura une nouvelle vague d’agressions », ironise le juge.
Le procureur avait requis des peines allant de quatre ans dont deux avec sursis à cinq ans dont deux avec sursis. Ils risquaient sept ans d’emprisonnement.