Connu et reconnu pour ses nombreux scénarios, Hany Fawzy a choisi pour le premier film qu’il réalise lui-même de centrer son récit sur l’homosexualité de son héros, Marouane, un pari audacieux lancé avec Mohamed Abdel Qader, qui signe là son premier scénario.
« Je me suis inspiré d’une histoire vraie » pour raconter la vie de ce jeune homme, balloté entre une mère autoritaire, un père toujours absent et un frère aîné agressif, explique Mohamed Abdel Qader.
Ce frère, on le découvre au fil de l’intrigue, a été victime d’attouchements sexuels de la part d’un chauffeur employé par la famille. Plus tard, il abuse lui-même de Marouane.
Le film ne contient aucune scène de nudité et pourtant, « le comité de la censure a réclamé la suppression de 13 scènes, dont une est cruciale pour le déroulement de l’histoire, ce qui fait perdre au film une partie de sa valeur artistique », explique Hani Fawzy.
Parmi les passages que la censure veut voir disparaître, se trouve notamment « la scène où le héros avoue à sa soeur qu’il est homosexuel », dit-il, ainsi qu’une autre « où il accuse son père d’être responsable de son orientation sexuelle« .
Tous les scénarios en Egypte sont soumis à la lecture du comité de censure, qui émet des recommandations. Une fois le film monté, il repasse devant ce comité qui peut cette fois demander à ce que des scènes soient coupées, notamment pour « atteinte aux bonnes moeurs ».
D’autres films égyptiens évoquaient déjà l’homosexualité, féminine comme masculine, tel que « L’immeuble Yacoubian », tiré du roman éponyme de Alaa al-Aswany, qui racontait l’histoire d’un journaliste homosexuel. Mais ce dernier n’était pas l’unique héros du récit et « Secrets de famille », premier film égyptien à faire de l’homosexualité son sujet central, fait figure d’exception dans le paysage cinématographique égyptien, et arabe plus généralement.
En Egypte, où l’homosexualité, souvent tue, est condamnée comme une déviance » par l’islam comme par l’Eglise copte, la communauté gay reste discrète et les rencontres se font généralement sur les réseaux sociaux.
En juin, un sondage réalisé par le centre de recherches américain Pew révélait que seuls 3% des Egyptiens estimaient que « la société devait accepter l’homosexualité ». Si la loi égyptienne n’interdit pas formellement l’homosexualité, plusieurs affaires ont défrayé la chronique ces dernières années.
La plus retentissante a eu lieu en 2001 lorsque 52 présumés homosexuels ont été arrêtés à bord d’un bateau-discothèque amarré au Caire, et 23 condamnés à des peines allant d’une à cinq années de prison, notamment pour « débauche ». « La société égyptienne verra sûrement d’un mauvais oeil ce film, l’accusant d’inciter à l’homosexualité », estime ainsi Ehab Khalil, le producteur de « Secrets de famille ». « Mais l’Occident trouvera aussi à redire car pour eux, l’homosexualité est une orientation comme une autre », poursuit-il.
En effet, le film présente l’homosexualité comme une maladie qui pourrait être soignée. D’ailleurs, à la fin du film, même si cela le met mal à l’aise, Marouane décide de renoncer aux hommes après avoir consulté successivement quatre psychiatres. La première le reçoit avec mépris, le second lui explique que ce n’est qu’une passade qui disparaîtra en grandissant, l’accusant de se débattre encore avec une longue crise d’adolescence.
Un troisième lui propose tout simplement de s’exiler dans un pays reconnaissant les droits des homosexuels, avant que le quatrième ne lui explique qu’il ne s’agit que d’une question de volonté, et qu’il lui incombe de se ressaisir pour faire le choix de l’hétérosexualité. Le mois dernier, interrogé par l’AFP au festival du film d’Alexandrie, le directeur du comité de la censure Ahmed Awad avait assuré que « Secrets de famille ne subira aucune censure en raison du fait qu’il parle d’homosexualité ».
En revanche, « des modifications ont été demandées pour certaines scènes », avait-il ajouté sans plus de détail. Rien de choquant dans ce film, estiment les critiques qui ont pu le voir lors d’une projection privée. Pour eux, aucune scène ne justifie une censure.
>> Egyptian censor cuts scenes from film about ‘cure’ for homosexuality
Director claims censorhip under the regime of Mohamed Morsi’s Muslim Brotherhood was more lenient than today
An Egyptian film which tells the story of a young man’s attraction to men and his subsequent « cure » is encountering severe censorship restrictions ahead of its release.
The film, « Asrar Aa’eleya » (« Family Secrets, » in loose translation), deals with the process of being « cured » from homosexuality and is conservative in its stance regarding gays, according to a report Tuesday on the Ynet web site.
But the head of censorship in Egypt has ordered that 13 scenes be cut, claiming they contain sexual innuendos and « encouragement » of homosexuality.
The story’s hero, Muhammad Marhan, experiences a trauma in his childhood and subsequently discovers his sexual orientation. Even after he allegedly « shakes off » his tendencies, he has trouble becoming accepted in Egyptian society.
Director Hany Fawzy, who also wrote the film, was surprised at the censor’s order.
He claimed that when he initially submitted the film for official censorship permission under the regime of Mohamed Morsi, he was only asked to make several corrections to the script. Now, in the post Muslim Brotherhood age, however, the censorship on the film had dramatically increased and the decisions were arbitrary, he said.
« The scenes we were asked to remove don’t even feature nudity, » he said, « I’m going to appeal and fight for my right to show the film. I made the move to talk about the silenced topics, the ones society treats like they’re not there, » he said.
But according to the Ynet story, Fawzy himself seems uncomfortable with homosexuality; his quotes in the Arab media seem to show that he believes homosexuality is a disease for which the film offers a solution.
The film, which is based on real events, also deals with the distress felt by homophobes.
The newspaper Al-Youm al-Saba’a featured a long article claiming censorship of the film was « outrageous », seeing as how there have been films that have dealt with homosexuality in the history of Egyptian cinema.
But attitudes toward homosexuality in Egypt specifically, and in the Arab world in general are still harsh.
According to the latest survey of the American Pew Survey Institution, the acceptance rate for homosexuality stands at only three percent. Lacking more accurate data, Heba Kutb, the Arab world’s first sex therapist, who hosts a show that deals with sex matters based on the Quran, claimed that 10% – 12% of Egyptian society might be homosexual.
There is no political body in Egypt that encourages homosexual rights, and public debate on the matter is nearly non-existent.