Les femmes représentent environ un tiers des nouvelles contaminations par le VIH (ou virus du sida) chaque année en France, mais contrairement aux hommes, leur situation reste largement méconnue et la prévention insuffisante.
« La visibilité de l’épidémie de VIH chez les femmes est infime comparée à celle des hommes », estime le Pr Jean-Louis Touraine dans la préface d’un livre « 10 femmes contre le sida » qui vient de paraître aux Editions Autrement, juste avant la Journée internationale du sida le 1er décembre.
Les chiffres sont pourtant éloquents, même s’ils restent très éloignés de ceux observés en Afrique subsaharienne où les femmes représentent 58% de toutes les personnes vivant avec le VIH.
En France, l’épidémie de sida continue à toucher majoritairement les hommes, et plus particulièrement les hommes ayant des relations avec les hommes, la proportion de femmes nouvellement diagnostiquées étant passée de 43% en 2003 à 31% en 2012, selon l’Institut de veille sanitaire (InVS).
En 2012, 1.980 femmes ont découvert leur séropositivité sur les 6.372 cas répertoriés en France, dont une grande majorité née à l’étranger, principalement en Afrique subsaharienne.
Chez celles nées en France, on a vu apparaître, au delà des prostituées et des toxicomanes, une nouvelle catégorie de femmes à risques, souvent diagnostiquées tardivement.
Selon le Dr Karine Lacombe, infectiologue au CHU de Saint-Antoine à Paris, il s’agit des femmes de plus de 50 ans qui « n’ont pas le réflexe du préservatif » lorsqu’elles refont leur vie après une séparation et un divorce.
« Je n’ai pas insisté pour qu’il fasse le test VIH parce que j’avais honte de l’âge qui ne manquerait pas d’être mentionné sur le compte-rendu d’analyse que j’aurais à lui montrer en retour », témoigne une patiente anonyme contaminée par un homme beaucoup plus jeune qu’elle avec lequel elle envisageait de vivre.
– « Tu ne ressembles pas à ces gens-là » –
Contaminée en 1987 par son compagnon, Catherine Kapusta-Palmer, coordinatrice du collectif interassociatif Femmes et VIH, se souvient elle aussi des réactions entendues à l’annonce de sa séropositivité: « Je ne te crois pas, ce n’est pas possible, tu ne ressemble pas à ces gens-là ».
Au-delà de la honte, les femmes éprouvent souvent un plus grand sentiment de culpabilité que les hommes et redoutent comme eux d’être rejetées ou discriminées.
Majoritairement contaminées lors de rapports hétérosexuels non protégés, elles ne sont pas non plus à égalité avec les hommes en ce qui concerne la contamination proprement dite. Selon Onusida, les femmes ont au moins deux fois plus de risques d’être contaminées par un homme que l’inverse.
Et si la prise en charge systématique des femmes enceintes séropositives a largement porté ses fruits – il n’y a quasiment plus de transmission du virus de la mère à l’enfant -, la vie des femmes qui « ne sont pas que des mères » est loin d’être facile, selon Mme Kapusta-Palmer.
Testés principalement sur des hommes et « dosés en fonction de leur morphologie », note-t-elle, les traitements antirétroviraux sont globalement moins bien tolérés par les femmes qui rapportent davantage d’effets secondaires, comme la masculinisation et le vieillissement accéléré de leurs organismes.
Les quelque 50.000 femmes séropositives qui vivent en France éprouvent par ailleurs des difficultés à recevoir un suivi gynécologique approprié alors qu’elles sont plus sensibles à la contamination par les papillomavirus, – des virus sexuellement transmissibles, qui sont à l’origine de la plupart des cancers du col de l’utérus -, souligne pour sa part le Dr Lacombe.
Un autre défi de taille sera de les accompagner dans leur vieillissement, alors qu’elles ont pour la plupart peu de moyens financiers.
« Il nous faut identifier des solutions pour leur permettre de vieillir dignement. Quelle maison de retraite médicalisée les acceptera? A quel prix et qui paiera? », se demande le Dr Florence Brunel, médecin spécialiste du VIH à Lyon.
Et si la prise en charge systématique des femmes enceintes séropositives a largement porté ses fruits – il n’y a quasiment plus de transmission du virus de la mère à l’enfant -, la vie des femmes qui « ne sont pas que des mères » est loin d’être facile, selon Mme Kapusta-Palmer.
Testés principalement sur des hommes et « dosés en fonction de leur morphologie », note-t-elle, les traitements antirétroviraux sont globalement moins bien tolérés par les femmes qui rapportent davantage d’effets secondaires, comme la masculinisation et le vieillissement accéléré de leurs organismes.
Les quelque 50.000 femmes séropositives qui vivent en France éprouvent par ailleurs des difficultés à recevoir un suivi gynécologique approprié alors qu’elles sont plus sensibles à la contamination par les papillomavirus, – des virus sexuellement transmissibles, qui sont à l’origine de la plupart des cancers du col de l’utérus -, souligne pour sa part le Dr Lacombe.
Un autre défi de taille sera de les accompagner dans leur vieillissement, alors qu’elles ont pour la plupart peu de moyens financiers.
« Il nous faut identifier des solutions pour leur permettre de vieillir dignement. Quelle maison de retraite médicalisée les acceptera? A quel prix et qui paiera? », se demande le Dr Florence Brunel, médecin spécialiste du VIH à Lyon.