Dans un arrêt du 5 juin, la Cour de justice de l’UE a estimé que les Etats membres « ne peuvent pas entraver la liberté de séjour d’un citoyen de l’Union en refusant d’accorder à son conjoint de même sexe, ressortissant d’un pays non-UE, un droit de séjour dérivé sur leur territoire », même si ces pays sont « libres d’autoriser ou non le mariage homosexuel ». Six états européens l’interdisent encore : Bulgarie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovaquie et la Roumanie.
La Cour avait d’ailleurs été saisie par la justice roumaine, qui doit trancher sur la situation d’Adrian Coman et Clai Hamilton, un couple roumano-américain. Ils réclament depuis 2012 la reconnaissance de leur mariage, conclu à Bruxelles deux ans plus tôt. Les autorités roumaines n’avaient accordé qu’un titre de séjour de trois mois à l’époux « extracommunautaire », au motif qu’il ne pouvait être qualifié de « conjoint ».
La CJUE a au contraire, là encore, rappelé que la notion « est neutre du point de vue du genre ».
« Clai et moi sommes deux personnes qui n’ont pas accepté la discrimination. Si plusieurs d’entre nous faisaient pareil le monde serait meilleur », a déclaré M. Coman à l’AFP. « Nous sommes heureux mais impatients de voir une application de cette décision de justice ».
Les deux hommes ont participé, ce samedi 9 juin, à la marche des fiertés de Bucarest qui a réuni plus de 3000 personnes, alors que le Parlement roumain doit fixer prochainement la date d’un référendum qui entérinerait le mariage comme étant « l’union entre un homme et une femme », et non entre « époux », comme le prévoit actuellement la Constitution. Une nouvelle entrave pour les minorités sexuelles, dans un pays qui n’a dépénalisé les relations de même sexe entre adultes consentants qu’au début des années 2000.
Non loin de là, une marche « de la normalité » se tenait, organisée avec le soutien de la puissante Église orthodoxe.
« Les Roumains sont des chrétiens orthodoxes et devraient se comporter en accord avec cela, s’est indigné un prêtre. Nous ne sommes pas un pays d’homosexuels, nous ne sommes pas Sodome et Gomorrhe. »
A Sofia également, quelques 2.000 personnes, protégées par d’importantes forces de police, ont défilé contre la haine anti-LGBT, malgré l’appel là encore de l’Eglise à boycotter cette « manifestation du péché ».
A Varsovie, entre 23.000 personnes, selon la mairie, et 45.000, selon les organisateurs, ont participé à la 18e Parade d’égalité, pour revendiquer le mariage pour tous, une éducation à la non-discrimination et sexuelle dans les écoles, la protection contre les actes et le langage haineux.
A Riga, capitale de la Lettonie, environ huit mille personnes, selon les organisateurs, ont participé à la « Baltic Pride ». « La Lettonie est à la dernière place dans l’UE en ce qui concerne les droits des personnes LGBT », a déclaré à l’AFP un de ses organisateurs, Kaspars Zalitis. « Il n’y a pas de protection contre les crimes haineux, il n’y pas de respect envers les personnes trans. (…) Il y a grande urgence » de changer cela.
Plusieurs contre-manifestations de défenseurs des valeurs familiales ont eu lieu en marge des marches de fierté, mais aucun incident sérieux n’a été noté.