Il y a 20 ans, un 9 septembre 2001, après des mois de réflexion, 11 policiers, parmi lesquels Mickaël BUCHERON, Pascal DEROCHE, Olivier MAIGNANT, Alain PARMENTIER et Hervé STEPHAN, se réunissaient pour fonder FLAG!, association nationale lgbt+, d’abord professionnelle dédiée à leurs collègues, puis à l’ensemble des agents des ministères de l’Intérieur et de la Justice, aux Pompiers, Policiers municipaux et à tous les alliés sollicitant ses services. 20 ans de sensibilisation dans les institutions, 20 ans d’accompagnement des victimes dans leurs démarches, 20 ans d’engagement ! Et il en fallait du courage.
« Il s’agissait alors de faciliter l’inclusion des personnes LGBT+, souvent isolées, pour qu’elles puissent s’épanouir professionnellement, lutter encore et toujours contre les discriminations générées par la création du PACS (pacte civil de solidarité), et bien évidemment améliorer les relations avec la population. Malheureusement les LGBTphobies, notamment ceux qualifiés d’ambiance, sont toujours taboues, tant chez les victimes qu’auprès de nos hiérarchies. Beaucoup de collègues ont d’ailleurs choisi de démissionner plutôt que de continuer à subir », précise Johan CAVIROT, président de FLAG!.
« J’aimerais être celui qui signera la dissolution de l’association, ça signifierait que tout est fonctionnel et que les LGBTphobies ont disparu. Mais malheureusement nous recensons encore trop de cas, en interne comme en externe. Cette lutte nous concerne tous. Et nous devons être à la hauteur, sans distinction, tout uniforme confondu ».
Un vœu soutenu par la ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth MORENO, qui a néanmoins rappelé la nécessité d’une mobilisation générale, à l’instar de Jean-Luc ROMERO-MICHEL, adjoint à la Maire de Paris en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations. L’élu a souligné son attachement de longue date à l’association, qui a eu des débuts compliqués, regrettant les polémiques qui ont appelé à son exclusion des marches des fiertés. Il a aussi réaffirmé le soutien de la ville, qui vient justement de déployer sa nouvelle police municipale, formée à lutter contre les discriminations.
Emmanuelle Pierre-Marie, Maire écologiste du 12e arrondissement qui accueillait l’événement des 20 ans, a également salué les actions de FLAG! et de toutes les associations consœurs et collectifs dédiés qui, par leurs engagements, contribuent à la construction d’un modèle de société respectueux et vertueux.
Depuis 2013, les bénévoles de FLAG! ont ainsi formé et sensibilisé plus de 32000 policiers et gendarmes, qui se retrouvent sur le terrain avec les bons réflexes. « Parce qu’il n’y a rien de pire que d’imposer aux victimes une double peine par une mauvaise prise en charge », a rappelé la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène SCHIAPPA.
En avril 2020, FLAG! a aussi lancé une application mobile pour permettre aux victimes et témoins de violences de faire un signalement anonymement, en les orientant vers l’organisme le plus pertinent pour les aider. L’opportunité de quantifier et localiser les faits, afin d’en évaluer une cartographie plus précise et d’accentuer les politiques publiques sur les zones les plus « à risque » (un quartier, une rue, une école, un établissement public, une entreprise, etc …).
Et en avril 2021, FLAG! a complété son dispositif avec « En lieu sûr » qui, en partenariat avec les services publics et le monde économique, propose aux personnes victimes de LGBTphobies ou de violences conjugales des lieux d’accueil bienveillants, avant une prise en charge par les secours. Le siège de la Région Île-de-France à Saint-Ouen-sur-Seine (93) est d’ailleurs devenu le premier site à adopter le label, signalé par un autocollant de forme ronde, et aux couleurs de l’arc-en-ciel. Le Conseil en était le premier partenaire. STOP homophobie a aussi intégré le projet.
La cérémonie s’est conclue par une remise de prix, aux fondateurs de l’association, et à leurs soutiens. Beaucoup d’émotions.
« Ça pourrait paraître banal aujourd’hui de voir une affiche contre l’homophobie dans un commissariat, mais à l’époque, c’était des ricanements. Et nous étions nombreux à redouter le risque d’être renvoyés de la police en raison de notre homosexualité ou notre engagement associatif. Beaucoup d’agents ont d’ailleurs souffert. Que de chemin parcouru depuis ! ».