On pourrait penser à une mauvaise plaisanterie, la date s’y prête effectivement, mais partir de ce 1er avril 2014 entrera en vigueur la charia (la loi islamique) dans ce petit sultanat du nord de l’île de Bornéo. Ce qui signifie bien évidemment : « peines de prison » et « condamnations à mort » des personnes LGBTI, qu’il y ait ou pas «engagements» ou «rapports sexuels», pour la seule raison de leur existence.
Sinistre programme d’épuration de toute une partie de la population, introduit dans la constitution par le sultan Hassanal Bolkiah, 67 ans, qui dirige depuis 1968, cet ancien protectorat britannique, l’un des quatre membres du Commonwealth, qui possède sa propre monarchie.
Contradiction toute requise : «Avec l’entrée en vigueur de cette législation, nous remplissons notre devoir envers Allah», déclarait le sultan dans son discours officiel pour annoncer, en octobre 2013, la promulgation du code pénal islamique. La loi devait ainsi progressivement s’appliquer dans les six mois à venir.
Cette « nouvelle » législation qui faisait débats depuis des années, prévoit également l’amputation de membres pour les voleurs, la flagellation pour la consommation d’alcool ou l’avortement, ainsi que la lapidation en cas d’adultère.
« Brunei montre les caractéristiques d’un état féodal du 18e siècle plutôt que celles d’un membre d’un consensus économique et social important dans les régions du Sud-Est asiatique qui devrait entrer dans le 21e siècle« , a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint de « Human Rights Watch » en Asie.
Rejetant toute critique étrangère, Bolkiah a seulement déclaré que « les non-résidents du Sultanat étaient priés de NOUS respecter, de la même façon que NOUS les respectons. »
Mais, encore une fois, grâce à Internet, dans un pays où la « dissidence » est on ne peut plus rare, certains citoyens du Brunei ont exprimé leurs préoccupations notamment sur les réseaux sociaux. Ils ont tous été menacés de poursuites pour diffamation, avec mise en garde sur les nocivités des nouvelles technologies, sournoises si « mal-employées ». Le Sultan n’apprécie point les moqueries et assure que l’application de la charia, n’entamait en rien la politique [de son pays]… en tant que membre de la famille des nations.
Le sultanat est extrêmement riche grâce à ses réserves d’hydrocarbures et attire bon nombre d’immigrés des pays voisins (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Inde…), convaincus par la prospérité et le respect des traditions. Les 400 000 habitants de Brunei sont musulmans aux deux tiers, avec une forte présence bouddhiste (13 %) et chrétienne (10 %).
Entre autres délits : les remarques critiques à l’égard de la famille royale. Il ne faudrait donc pas heurter les susceptibilités en cas de déplacements dans la région, et absolument évitez le jaune… la couleur est réservée au sultan.
Soupçonné de financer également des groupes extrémistes, Hassanal Bolkiah qui vit dans un palais de 1800 pièces, est à la fois Premier ministre, ministre de la Défense, ministre des Finances, commandant suprême des forces armées du Brunei, général honoraire dans les forces armées britanniques et indonésiennes et amiral honoraire dans la Royal Navy.
Il s’est également lui-même « proclamé « inspecteur général de la Police royale du Brunei, et a intronisé son fils aîné Al-Muhtadee Billah Bolkiah prince héritier en septembre 1998 afin de garantir la continuité du sultanat et de la dynastie. Son patrimoine est estimé à 14,6 milliards d’euros.
Comme quoi, l’argent ne vous rend pas forcément plus intelligent 🙁
Terrence Katchadourian
@stop_homophobie
Toute reproduction est autorisée si la mention et l’ajout du lien de notre article source.
>> The Sultan of Brunei, Hassanal Bolkiah, is to implement a form of strict Islamic Sharia law across Brunei next month, rejecting foreign criticism of the move.
New legislation will phase in a version of Sharia law that will introduce penalties of amputation for theft, stoning for adultery and flogging for homosexual acts.
The reigning Sultan Bolkiah, 67, called on the whole of Brunei’s diverse population to unite and support the new legislation.
He said that the laws, to be implemented next month, were a « great achievement for the country, and not a backward or old-fashioned step. »
Human rights groups have condemned the move but Bolkiah stated that « people outside of Brunei should respect us in the same way that we respect them. »
« Brunei is showing its feudal characteristics as an 18th-century state rather than an important member of a regional Southeast Asian economic and social consensus in the 21st century, » said Phil Robertson, deputy Asia director at Human Rights Watch.
The south-east Asia nation of Brunei holds a population of approximately 440,000, of which a third is non-Muslim – predominantly Christian or Buddhist Chinese.
In a nation where dissent is rare, some Bruneian citizens have taken to the internet to voice their concern at the new laws.
However Bolkiah, who was crowned in 1968, warned dissenters that they can « no longer be given the liberty to continue with their mockery » and hinted that they could be charged with slander.
Brunei, despite being an autocratic state, is ranked fifth in the world for per capita GDP, one above the United States.
Bolkiah holds a personal wealth of £11.9bn ($20bn), making him one of the richest men in the world, and lives in a 1,800-room palatial residence.