Dans un reportage filmé en caméra cachée et diffusé mercredi soir sur C8, on voit notamment un élu FN, Benoît Loeuillet, ex-dirigeant identitaire et patron des frontistes à Nice, tenir des propos négationnistes et un dénommé Kevin, autre sympathisant, vociférer des injures racistes et homophobes. Si le FN assure avoir pris des sanctions contre le premier, « Quand il y a une brebis galeuse, nous, on la vire », Marine Le Pen affirme que le second était un ingénieur du son de Canal+. Et crie à la manipulation, ce dont ce défend la chaîne.
Il tient notamment des propos homophobes dirigés contre Florian Philippot, au sujet desquels le porte-parole du FN a décidé de porter plainte, a-t-il annoncé sur Twitter. « Voilà le genre de manœuvres qui sont utilisées par les médias. C’est honteux et j’espère qu’ils vont être lourdement condamnés », a accusé la présidente du parti, s’appuyant sur les infos diffusées sur une page Facebook, sur laquelle cette personne serait présentée comme un ingénieur du son de Canal +.
Selon Libération, une capture de cette page a d’abord été diffusée par Cyril Martinez, adjoint du secrétaire départemental du FNJ Alpes-Maritimes. Contacté par le journal, il a expliqué l’avoir trouvée sur un forum du site jeuxvideo.com, dont les membres sont connus pour enchaîner les photomontages potaches.
« J’ai eu le malheur de relayer cette source mais j’aurais dû attendre confirmation », regrette Cyril Martinez. « J’ai immédiatement fait une seconde publication en expliquant qu’il fallait prendre cette information avec des pincettes. »
Guy Lagache, présentateur de l’émission de C8 qui a diffusé mercredi soir le documentaire « La face cachée du FN », a sollicité l’AFP pour « démentir de la façon la plus formelle et la plus catégorique » ces accusations de trucage. « On a des rushes qui démontrent que ce militant a été envoyé par la structure du FN de Nice au Front national de la jeunesse » local, où a été tourné le documentaire. Autrement, « au sein de Canal, on ne connaît aucun ingénieur du son qui porte ce nom-là », a-t-il ajouté.
La société qui a produit le reportage, TVPresse Productions, a indiqué que le profil Facebook de cette personne ne mentionnait « aucun emploi, ni employeur », autant jeudi que quelques jours après le tournage. TVPresse a indiqué l’avoir fait constater par huissier.
Outre Marine Le Pen, cette intox a été relayée jeudi sur les réseaux par des dirigeants du FN comme Steeve Briois, David Rachline et Gilbert Collard. Elle continuait d’être retweetée des centaines de fois en fin d’après-midi.