Les drapeaux sont en berne pour trois jours et une minute de silence sera observée ce midi, adans tous les services publics.
Douze personnes, dont huit journalistes, ont été tués par les terroristes. Onze personnes ont également été blessées, dont quatre sont « dans un état grave ».
Charb
Dessinateur engagé dès son plus jeune âge, Charb dirigeait Charlie Hebdo depuis 2009. Né le 21 août 1967 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), Stéphane Charbonnier de son vrai nom avait défendu le droit de l’hebdo de publier les caricatures de Mahomet, malgré les menaces. Il y a deux ans, dans une interview au Monde, il avait déclaré: « Je n’ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux. »
Dans Charlie, il signait une chronique au titre sans ambiguité: « Charb n’aime pas les gens ». Surtout, il n’aimait pas les cons, qui le lui ont fait chèrement payer.
Cabu
Avec Plantu ou Wolinski, lui aussi décédé dans l’attentat de ce mardi, Jean Cabut, de son vrai nom, était, à 76 ans, l’un des « parrains » du dessin satirique à la française, né dans les années 60 dans Hara-Kiri, l’hebdomadaire « bête et méchant » des regrettés Cavanna et professeur Choron. Une école d’anarchistes iconoclastes et pulvérisateurs de curés, de rabbins et d’imam, de flics, de militaires et de grandes figures de la République – les gaullistes s’étranglent encore au souvenir de la couverture d’Hara-Kiri Hebdo rapportant sans le respect qu’il lui estimait dû la mort du Général: « Bal tragique à Colombey, un mort ».
Cabu était un boulimique, dont les caricatures ont fait ou faisaient encore chaque semaine le bonheur des lecteurs de, notamment, Pilote, du Canard Enchaîné et, donc, de Charlie Hebdo. Y sont nés deux de ses personnages emblématiques, le Grand Duduche, éternel étudiant lunaire et amoureux, et son contrepoint, le fameux beauf à lunettes noires, moustache arrogante et 4×4 chromé.
Dans les années 80, il a promené sa bouille rigolarde et ses lunettes rondes à la télévision, à Récré A2, au côté de Dorothée, ou chez Michel Polac, sur le plateau de Droit de réponse.
Wolinski
Lui aussi était une figure de la caricature de presse, plus politique et engagé, moins libertaire et plus égrillard (il avait signé pour Georges Pichard les scénarios de la légère Paulette) que son compère de rédaction. Lui aussi avait aiguisé sa plume aux côtés de Cavanna et du professeur Choron, sur les tables à dessins de Hara-Kiri.
Dans les années 70, Wolinski assure la rédaction en chef de Charlie Hebdo – dans les locaux duquel il a trouvé la mort ce mardi matin. Au grand désespoir de François Cavanna, il devient ensuite le dessinateur « officiel » de L’Humanité – un engagement auprès du PC qui lui sera longtemps reproché, malgré (ou à cause de) cette phrase prémonitoire: « Le socialisme, c’est comme la marijuana: c’est peut-être inoffensif, mais ça peut conduire à des drogues plus dures comme le communisme ».
Depuis des années, il commentait une actualité politique souvent très déshabillée dans Paris Match, le cigare au bec et l’impertinence en bandoulière.
Tignous
Né à Paris en 1957, Bernard Verlhac dessinait pour la presses écrite depuis le début des années 80, après un détour par la bande dessinée. Il était passé par L’idiot international de Jean-Edern Hallier, avant de rejoindre la rédaction de La Grosse Bertha, puis L’Evénement du Jeudi. Outre Charlie Hebdo, il travaillait régulièrement pour Marianne, Fluide Glacial, VSD, Télérama, L’Humanité et… L’Express.
Honoré
La mort de Philippe Honoré n’a été apprise que plus tard dans la journée, ce qui fait de lui le cinquième dessinateur de l’hebdomadaire satirique tué ce mercredi. Il est l’auteur du dernier dessin tweeté par l’hebdomadaire, quelques instants seulement avant l’attaque. On y voit le chef de l’organisation de l’Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi présenter ses voeux: « Et surtout la santé! ».
Autodidacte né en 1941, Honoré publie son premier dessin de presse à 16 ans, dans le journal Sud-Ouest, selon le Magazine Littéraire, l’un des nombreux médias où l’on pouvait croiser ses dessins en noir et blanc au style suranné (Le Monde, Libération, les Inrockuptibles). Il collaborait avec Charlie Hebdo depuis sa reparution en 1992, selon le site des éditions Larousse, pour qui il avait notamment illustré l’édition anniversaire 2010 du Petit Larousse.
Ses travaux ont fait l’objet de nombreuses expositions collectives et il avait également mis en images Ouvert le jour et la nuit (sur des textes de Rufus, 1995), le Bestiaire d’Alexandre Vialatte (2002) et la Symphonie animale d’Antonio Fischetti (2007), selon Larousse.
L’économiste Bernard Maris
Bernard Maris, économiste médiatique et chroniqueur sur France Inter, a été tué dans l’attentat perpétré mercredi contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, a annoncé Radio France. « France Inter pleure et nos pensées vont à sa famille », a tweeté Mathieu Gallet, PDG de Radio France. Bernard Maris, 68 ans, collaborait également à Charlie Hebdo, sous le pseudonyme d' »Oncle Bernard ». « Radio France vient d’apprendre la tragique disparition de l’économiste Bernard Maris. C’est évidemment une épreuve supplémentaire pour l’ensemble des collaborateurs de Radio France et de France Inter », a déclaré le groupe Radio France à l’AFP.
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Toulouse, Bernard Maris était professeur d’économie à l’université Paris VIII. Il animait également une émission hebdomadaire sur France Inter, intitulée « Le débat économique », le vendredi à 7h50.
Michel Renaud, fondateur du festival « Rendez-vous du carnet de voyage »
Le fondateur du festival clermontois « Rendez-vous du carnet de voyage », Michel Renaud, figure parmi les victimes. « Michel Renaud et le secrétaire général des Carnets de voyage Gérard Gaillard étaient sur place avec Cabu, qui avait été leur dernier invité d’honneur. Il leur avait dit: ‘Je vais vous donner un coup de main, on fera quelque chose ensemble pour la prochaine édition' », a a expliqué Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, confirmant une information de France Bleu Pays d’Auvergne.
« Gérard Gaillard a pu se coucher pendant la fusillade, il a eu la vie sauve mais est extrêmement choqué. Michel Renaud a été tué sur coup », a indiqué l’élu, qui s’est dit « bouleversé ».
Michel Renaud fut en outre le directeur de la communication de l’ancien ministre et maire socialiste Roger Quilliot, puis le directeur de cabinet de son successeur Serge Godard, premier magistrat de la ville pendant 17 ans. Il faisait également partie, lors des municipales de 2014, de l’équipe de campagne d’Olivier Bianchi.
Un homme de la maintenance
Mustafa n homme qui assurait la « maintenance » dans un local à proximité de Charlie Hebdo a lui aussi été tué.
Un policier du Service de protection des hautes personnalités
Chargé d’assurer la protection de Charb, menacé depuis la publication de caricatures de Mahomet, un policier du Service de protection des hautes personnalités prénommé Franck a été tué dans la salle de rédaction où se tenait la conférence de rédaction hebdomadaire. Il n’a pas eu le temps de riposter. Selon Le Figaro, il avait 49 ans et était père d’une fillette d’un an, d’après un de ses collègues.
Un policier du 11e arrondissement
Un policier de la brigade anti-criminalité du 11e arrondissement de Paris a également été tué lors d’un échange de tirs dans la rue. Blessé, il a été ensuite abattu froidement par l’un des terroristes, comme le montre une vidéo qui a circulé sur le web.
Selon Le Figaro, il s’appelait Ahmed et avait 42 ans. Il était représentant du personnel et appartenait à la brigade VTT de l’arrondissement.
« Il laisse derrière lui une compagne », selon le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police, Rocco Contento. « Nous sommes tous extrêmement choqués », raconte-t-il, ému.
Elsa Cayat, psychanaliste
C’est la seule femme parmi les victimes décédées. Elle tenait une chronique bimensuelle dans Charlie Hebdo.
Mustapha O., correcteur
Il travaillait pour Charlie Hebdo.
Les blessés
Parmi les blessés, figurerait Philippe Lançon, chroniqueur littéraire, journaliste à Libération et chroniqueur à Charlie Hebdo.
Une femme automobiliste, percutée par les assaillants place du Colonel Fabien, a également été blessée, a indiqué le parquet.
Parmi les rescapés, la dessinatrice Coco, qui travaille pour l’hebdomadaire, a aussi pu être contactée par téléphone par L’Humanité.
Elle raconte qu’elle était « allée chercher sa fille à la garderie, en arrivant devant la porte de l’immeuble du journal deux hommes cagoulés et armés nous ont brutalement menacées.
Ils voulaient entrer, monter. J’ai tapé le code ».
La dessinatrice Catherine Meurisse, a témoigné aussi dans Le Courrier de l’Ouest. Arrivée en retard à la conférence de rédaction hebdomadaire qui se tenait au moment de l’attaque, elle a juste vu « deux hommes encagoulés » dans la rue quand elle est arrivée.
Le ministère de l’intérieur à lancé un appel à témoins au 0805 02 17 17
avec source info : lexpress.fr